Comment manier le bilan carbone ?
Estimer et réduire l’« empreinte écologique » de son activité de production : c’est le grand projet fédérateur des années qui viennent. Dans ce numéro, nous évoquons quelques-unes des initiatives du moment : la « concertation » proposée aux éleveurs de bovins par McKey (le fournisseur de viande hachée de McDo) pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ; la réflexion sur la maîtrise des dépenses d’énergie entamée par les fabricants d’aliments du bétail ; les restaurants « zéro énergie fossile » de la chaine Courtepaille. Nous aurions pu évoquer des dizaines de cas comme ceux-là. Si ces initiatives, étayées ou non, partent généralement d’un bon sentiment, elles ne sont pas toujours dénuées d’arrière-pensées. Habilement médiatisé, le « bilan carbone » est une arme médiatique absolue, capable de racheter à peu de frais l’image « écolo » d’entreprises à l’activité controversée ou de disqualifier de gênants concurrents étrangers en leur collant l’épithète infâmante de « pollueur ». Attention, l’arme peut exploser sans prévenir à la figure de filières qui se croyaient économes quand elles dépensent beaucoup d’énergie « cachée ». Inutile, donc, de médiatiser des efforts qui ont tôt fait de se retourner contre leurs auteurs. A ce petit jeu, les industries de première et de deuxième transformation alimentaire, solidement ancrées dans leur territoire, ont cependant une belle carte à jouer. A leur échelle, le quotidien Les Marchés pense avoir fait le bon choix en se projetant dans un univers moins gourmand en papier. La « dématérialisation » de notre édition quotidienne présente un bilan carbone manifestement plus positif que la formule précédente. Un argument sans doute insuffisant en soit mais que nous croyons d’avenir.