Champagne : « la culture de ses raisins est du pire niveau »
Les suppléments vins et spiritueux des grands journaux généralistes qui fleurissent en cette fin d’année sont souvent gavés de publicité... et donc d’articles complaisants pour les accompagner ? Pas toujours. Dans « un dimanche de bulles », le supplément du JDD paru ce week-end, un article signé Bernard Burtschy rompt avec cette idée préconçue. Le grand dégustateur se montre en effet très critique sur la Champagne. « Ses effervescents de luxe se vendent fort bien et très chers, trop bien même », selon le journaliste qui critique les méthodes de culture de la vigne. Evoquant l’usage parfois abusif des traitements dans les vignobles français, il écrit « la Champagne, en particulier, n’est pas un modèle dans la culture de ses vignes. Elle utilise toutes les ressources, et elles sont nombreuses, de la chimie. Si la région est la plus septentrionale de France donc la plus sensible aux intempéries, elle traite trois ou quatre fois plus que l’Allemagne qui n’est pas mieux lotie par la climatologie. » « Certes il existe bien quelques producteurs qui sont en bio, voire en biodynamie certifiée », poursuit le chroniqueur, citant Franck Pascal, Raymond Boulard, ou Françoise Bedel, « mais ils ne sont pas légion ». « Si la Champagne a réussi, très difficilement au milieu des années 90, à se sortir de l’épandage des boues urbaines sur ses meilleurs terroirs, la prise de conscience est loin d’être faite sur une viticulture respectueuse de son environnement. Pourtant, ce n’est pas un problème de moyens ». «Alors que le Champagne a axé toute sa communication sur la pureté de ses vins et sur le rêve, ses meilleures cuvées trônant sans partage, au nirvana des meilleurs effervescents du monde, Bernard Burtschy prévient qu’il « lui serait très préjudiciable que le monde découvre que la culture de ses raisins est du pire niveau que l’on puisse imaginer ». Et de conclure : « il est temps de nettoyer l’arrière-cour et de mettre sa viticulture au niveau des meilleurs standards de la bio. Comme dans la Bourgogne voisine ou le Bordelais ».
Article titré « Une épine dans le pied » et signé Bernard Burtschy, paru dans « un dimanche de bulles », supplément du JDD du 14 décembre 2008.