Céréales : recul de la collecte, des stocks et des exportations
Après le long week-end pascal, le marché céréalier recherche ses marques pour un véritable redémarrage. Euronext était fermé jusqu’à mardi et ne fournit donc pas d’indication de tendance, mais Chicago s’est inscrit en hausse pour le blé et les premières estimations sur le physique font apparaître une confirmation de la tendance très ferme du blé notée en fin de semaine dernière, le blé standard s’affichant à 147 euros rendu Rouen. Le conseil spécialisé céréales de l’ONIGC se réunira le mercredi 18 courant, soit une semaine plus tard que d’habitude, puisque cette réunion a lieu traditionnellement le deuxième mercredi de chaque mois. A deux mois et demi de la fin de la campagne, il sera intéressant de faire le point entre les bilans prévisionnels de l’Office et les réalisations effectives dans une situation de marché céréalier particulièrement tendue.
On dispose déjà d’éléments suffisants pour situer cette fin de saison 2006-2007 et porter quelques appréciations sur 2007-2008 qui, sauf catastrophe climatique, s’annonce aussi copieuse que la dernière a été pauvre.
Collecte au 1 er mars : - 2 Mt
Selon l’ONIGC, la collecte toutes céréales au 1 er mars portait sur 45,3 Mt, soit pratiquement 2 Mt de moins que l’an dernier à la même époque. Rappelons que la grosse récolte de 2005 avait permis, à la même époque, une collecte de 50,6 Mt.
En ce qui concerne le blé, les entrées en organismes stockeurs atteignaient 25,2 Mt au 1 er mars dernier contre 26,4 l’année précédente. La dernière prévision de collecte pour l’ensemble de la campagne était de 29,3 Mt. Pour atteindre cette estimation, il faudra entrer 4,6 Mt sur les 4 derniers mois de la campagne ; certains observateurs estiment, au vu du manque d’offres actuel, que ce sera difficile. On attend donc avec un intérêt particulier les chiffres de l’ONIGC de la semaine prochaine.
Ce dont on peut être assuré, c’est de la modicité du stock de report. Les stocks détenus par les O.S au 1 er mars étaient de 7 Mt contre 7,7 au 1 er mars 2006. L’Office des grandes cultures prévoyait le mois dernier un report de 2,3 Mt, soit 17,5 % de moins qu’au début de l’actuelle campagne qui avait démarré avec un report de 4,7 Mt. Il est peu probable que le Conseil spécialisé de l’ONIGC émette une première prévision de récolte, mais si l’on prend en compte les pronostics des organisations professionnelles européennes, la moisson française devrait se situer autour de 36,5 Mt ce qui, malgré la faiblesse du stock de report, permettrait de retrouver un bon niveau moyen de disponibilités et d’envisager, notamment, un plus gros volume d’exportations.
Pour cette campagne, à la date du 1 er février, les exportations françaises atteignaient 7,9 Mt, près de 6 % de moins que l’année dernière, dont 3,1 Mt à destination des pays tiers, en très léger progrès (+0,5%) et 4,74 Mt à destination de l’UE, en recul de 9,6 % par rapport à la période correspondante de 2005-2006. La dernière prévision de l’ONIGC pour l’ensemble de la campagne est de 6 Mt vers les pays tiers et 8,1 Mt pour l’UE.
Orge : l’inconnue de l’alimentation animale
L’estimation de collecte d’orge de l’Office pour la campagne 2006-2007 était de 8,35 Mt, 1% de plus qu’en 2005-2006. Au 1 er mars, 7,8 Mt sont entrées chez les O.S contre 7,6 au 1 er mars 2006. A la même date, le stock en O.S était de 2,8 Mt contre près de 3 Mt l’an dernier. Le stock de report prévu par l’ONIGC est de 1,3 Mt, ce qui est relativement important. La plus grosse modification du stock de report pourrait provenir des utilisations par les fabricants d’aliments du bétail en raison du chassé-croisé auquel se livrent le blé et l’orge dans les incorporations en fonction de l’évolution respective de leurs prix. Pour le moment, l’orge est sans doute plus avantageuse. En revanche, les exportations réalisées vers les pays tiers au 1 er février sont en fort retrait sur l’an dernier (- 44 %) avec 303 000 t, alors que l’Office annonce pour l’ensemble de la campagne 700 000 t, soit 7,6 % de moins qu’en 2005-2006. A destination de l’UE, les 2,26 Mt effectives au 1 er février représentent 3,5 % de moins que l’an dernier, ce qui s’inscrit dans la tendance prévue par l’ONIGC pour la campagne : - 4,3 %.
Maïs : surfaces en légère baisse
Dans son dernier bilan prévisionnel, l’office des grandes cultures annonçait une collecte de campagne 2006-2007 de 10,9 Mt, en recul de 9 % sur 2005-2006. Celle réalisée au 1 er mars est effectivement en sensible recul avec 9,45 Mt contre 10,38 l’an dernier. Les stocks chez les collecteurs au 1 ermars portent sur 4,1 Mt contre 4,6 au 1 er mars 2006. Le report était estimé par l’Office lors du dernier conseil à 1,9 Mt, soit 12 % de moins que pour la précédente campagne. Comme pour les deux grandes céréales à paille, le conseil de l’ONIGC a opéré plusieurs ajustements de prévisions au niveau des incorporations dans l’alimentation animale tenant compte de l’évolution des cours, et ce n’est peut-être pas terminé. Les ventes de maïs ont été prévues en baisse de 7,5 % par rapport à la campagne 2005-2006 avec 5,8 Mt ; au 1 er février, 3 Mt étaient sorties, correspondant précisément au rythme de baisse prévu par l’Office.
Les prévisions de production de maïs pour la prochaine récolte, de l’ordre de 13 Mt contre 12,2 cette année, sont encore très prématurées, de source européenne. En revanche, l’AGPM a procédé à une première estimation de surfaces semées en maïs pour la prochaine récolte. Comme brièvement indiqué dans notre analyse de marché de vendredi dernier, la sole consacrée au maïs porterait sur 1 410 000 hectares, soit 1% à 2% de moins qu’en 2006. Cette baisse survient après deux autres beaucoup plus importantes, de 9 et 10 %. L’AGPM considère que dans un contexte de prix soutenus et attendus comme tel pendant toute la campagne à venir, cette tendance s’explique, d’une part, par une nouvelle progression des cultures d’hiver (+ 1 % en céréales et +12 % en colza), et de l’orge de printemps. L’AGPM note aussi des disparités régionales dans les ensemencements, avec un léger tassement en Midi-Pyrénées, et des baisses significatives en Bourgogne, Auvergne, Alsace et bassin parisien, pour des raisons diverses, dont les restrictions administratives d’irrigation. « Mais, souligne l’AGPM, d’un autre côté, avec des réserves hydriques très haut placées , toutes les régions de la façade atlantique et de la Manche verront leurs surfaces progresser, comme en Vendée qui bénéficie d’une politique volontariste de création de réserves ».