Céréales : les prix des céréales vont rester tendus
Le Conseil spécialisé céréales de l’ONIGC se réunissait pour la dernière fois, mercredi 4 juillet, dans les locaux de la vieille maison mère de l’ONIC, avenue Bosquet à Paris. Le prochain conseil aura lieu le 12 septembre à Montreuil où se regrouperont tous les offices. Cela étant dit, les travaux du conseil spécialisé ne se sont pas ressentis de ce prochain déplacement et les grands thèmes ont été respectés.
L’ONIGC a donc annoncé ses premières prévisions de récolte de céréales à paille pour la moisson 2007. Nous les rappelons brièvement : blé tendre de 35 Mt, soit 1,7 Mt de mieux que la petite moisson 2006. C’est le retour à une bonne moyenne grâce à une hausse de plus de 2 % à 4,9 millions d’hectares et un rendement moyen national estimé pour le moment à 71 q/ha, mais qui risque de devoir être révisé si les conditions météorologiques ne s’améliorent pas. De toute manière, une forte hétérogénéité d’une région à l’autre est à envisager.
Le blé dur devrait connaître une appréciable progression grâce à l’augmentation des surfaces et à un excellent rendement annoncé : + 7 % à 50 q/ha. La récolte pourrait approcher 2, 3 Mt, + 9 % sur l’an dernier. La France est l’un des rares pays d’Europe où le blé dur progresse alors que sa culture se réduit dans d’anciennes zones de production traditionnelles comme les Pouilles, en Italie. La récolte d’orge (orges d’hiver et printemps confondues) ne dépasserait pas 10,2 Mt, soit un recul de 3 % en raison d’un rendement ajusté en baisse à 61 q/ha, ce potentiel étant encore sous la menace de la météo.
Regain d’intérêt pour le blé ?
A ces prévisions de récoltes, le directeur général de l’ONIGC a ajouté quelques hypothèses commerciales quant aux utilisations qui pourraient en être faites. Sur le marché intérieur, le resserrement entre les prix du blé et de l’orge devrait redonner un peu plus d’intérêt au blé auprès des fabricants d’aliments du bétail, surtout si la moisson devait comporter une part importante de blé fourrager. Le débouché éthanol va croître avec l’entrée en fonction de l’usine de Lillebonne et atteindrait 900 000 t ; bonnes perspectives aussi pour l’exportation en particulier vers nos destinations privilégiées, Maghreb, Arabie, Afrique noire, zones dont la proximité favorise la compétitivité du blé français en réduisant le coût de transport. Pour l’orge, avec une concurrence plus sévère de la part du blé, les taux d’incorporation très élevés enregistrés la campagne dernière (+ 56 % par rapport à 2005-2006) ne seront sans doute pas retrouvés, mais la demande de l’Allemagne en orge de brasserie devrait croître en raison du déficit de production chez ce partenaire.
Le conseil de l’ONIGC a procédé aux ajustements des précédents bilans prévisionnels de la campagne 2006-2007. Les principales modifications apportées à ces bilans, concernent le blé dont la collecte a été sensiblement remontée (+ 285 000 t) tandis que les exportations vers les pays tiers ont été abaissées de 100 000 t à 5,6 Mt. Il en résulte une augmentation de l’estimation du stock de report qui passe à 2,57 Mt. Pour l’orge, l’estimation des incorporations dans l’alimentation animale est confirmée au chiffre de 1,7 Mt et les exportations vers l’UE augmentées de 100 000 t, d’où un stock de report exceptionnellement bas de 750 000 t. Les incorporations de maïs dans l’aliment du bétail ont été relevées de 100 000 t à 2,6 Mt et le stock de report fixé à 2 Mt.
Quant à l’évolution prévisible des marchés céréaliers, les diverses analyses conduisent l’ONIGC à la conclusion que la détente n’est pas pour cette nouvelle campagne (voir notre analyse du CIC). Les prix actuels mondiaux du blé et de l’orge sont tous au-dessus de 200 $/t, illustrant la tension persistante d’origine mondiale à laquelle le marché français ne peut échapper, bien qu’il soit intrinsèquement bien équilibré.