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Céréales : la Commission veut-elle détruire l’organisation du marché ?

La filière française doute que le Comité de gestion adjugera des certificats d’exportation pour le blé à la hauteur de la crise actuelle. Les dégâts de la gestion récente sont considérables.

Devant les journalistes, à la sortie du Conseil central de l’Onic qu’il préside, Christian Lapointe a eu quelques mots très durs pour flétrir l’attitude de la Commission dans sa façon de gérer le marché céréalier, la soupçonnant même de « machiavélisme assassin dans le but d’aboutir à une désorganisation définitive de ce marché ». Christian Lapointe s’est fait ainsi le traducteur de la grande inquiétude qui a dominé les travaux de ce Conseil (lire l’Essentiel d’hier). L’état de crise que connaît actuellement le secteur céréalier exacerbe peut-être les réactions et la suspicion et si le prochain Comité de gestion céréales adjugeait des certificats d’exportation de blé pour 500 000 tonnes, avec un taux de restitutions réaliste, la filière céréalière française deviendrait moins sévère. Mais elle n’y croit guère et s’emploie pour le moment à constater les dégâts. Ils sont graves.

Il y a d’abord tous les marchés perdus à cause, certaines fois, du refus de certificat pour quelques dizaines de centimes d’euros de restitution. Nos exportateurs se sont ainsi fait tailler des croupières, comme récemment dans la vente à l’Égypte, où les Russes se sont pour la première fois imposés, au détriment des blés français. Ensuite, en ne répondant que très imparfaitement aux demandes réitérées des professionnels pour assurer un volume d’exportation susceptible d’équilibrer les marchés, la Commission a suscité un effondrement des prix des céréales et plus particulièrement du blé, entraînant un recours massif à l’intervention et à la création de stocks pléthoriques.

Les mises à l’intervention vont s’accélérer

Les offres à l’intervention atteignent 11,4 Mt de tonnes dont 1,8 Mt en France, l’offre française étant surtout composée de blé tendre Avec le niveau actuel des prix, on peut s’attendre à une accélération des mises à l’intervention d’ici à la date limite du 31 mai. L’Onic qui a dû réduire de 500 000 tonnes à 6,8 Mt ses perspectives d’exportations de blé vers le pays tiers (et encore, ce chiffre est peut-être optimiste) a donc remonté ses prévisions de stock de report à 5 Mt, dont près de la moitié serait constituée de blé d’intervention. À l’approche d’une moisson qui s’annonce copieuse, sauf dégradation climatique grave (voir les ensemencements dans notre numéro d’hier), cette surabondance de réserves continuera de peser sur les cours de la récolte 2005. Mais aussi, l’Onic se pose l’angoissante question du déplacement et du logement de la marchandise d’intervention. Aujourd’hui, à 6 semaines de la fin de la période d’intervention, les offres dépassent déjà de 300 000 tonnes les capacités de logement prévues initialement par l’office. Christian Lapointe juge qu’en provoquant une telle situation, Madame Fischer Boël, commissaire à l’Agriculture, aura fait faire un grand pas en avant au « Non » des agriculteurs à la Constitution européenne.

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