Ce qu’on peut faire avec le pois
« Le pois possède un amidon atypique. C’est une matière première originale composée à la fois de 50 % d’amidon, de 25 % de protéines et de 14 % de fibres destinée à la fois à l’alimentation animale et humaine). Sa richesse en amylose influe sur ses propriétés physico-chimiques. Il a un bon pouvoir de rétention et possède des fibres insolubles de qualité ». Alain Bertoux, responsable de la ligne produits amidon aux Etablissements Roquette Frères de Lestrem (62), a expliqué, la semaine dernière lors d’une rencontre avec les journalistes (lire ci-contre), tout l’intérêt que le n°2 européen de l’amidon portait au pois, notamment pour ses débouchés en nutrition-santé à travers le programme NutraHub.
« L’enjeu futur de notre planète, ce sera de consommer moins de protéines animales et plus de protéines végétales », a souligné de son côté Jean-Luc Dufour, le responsable développement des marchés nutrition humaine qui parie sur le développement de protéines, alternative à celles du soja tout en présentant l’ensemble de la gamme de produits fabriqués à partir de protéines de pois (saucisses pour le croustillant, barres équilibrées, pain satiété…).
A Lestrem, le plus gros site amidonnier d’Europe, on a commencé à travailler le maïs en 1940, puis le blé quarante ans plus tard. Ce site s’étend sur 150 ha clôturés et abrite la plus grosse amidonnerie de blé au monde et de maïs en Europe… Mais l’usine emblématique de la famille Roquette ne transforme pas le pois. Le groupe a donc décidé de spécialiser son usine de Vic-sur-Aisne, après avoir décidé de rapatrier les activités fécule de pommes de terre de Vic-sur-Aisne sur son unique site picard de Vecquemont. Vic-sur-Aisne est opérationnel depuis mars 2007. L’usine peut transformer jusqu’à 100 000 tonnes de pois par an, par voie humide comme pour le maïs. « Nous pourrions d’ailleurs répondre à toute demande supplémentaire du marché », ajoute Jean Luc Dufour.
Inciter les producteurs
« A Lestrem, notre groupe transforme 10 000 t de maïs et 5 000 t de blé chaque jour. Dans son usine de Vecquemont, il y transforme chaque année un million de tonnes de pommes de terre et à Vic-sur-Aisne 80 000 tonnes de pois par an », précise Marc Roquette. « A chaque matière première, son mode de transformation industrielle », poursuit-il. C’est ce qui explique la volonté du groupe de spécialiser l’usine de Vic-sur-Aisne en lançant un appel aux planteurs de Picardie pour qu’ils développent cette culture. Une volonté qui coïncide avec la chute des surfaces en pois dans le nord de la France (lire LM de mardi). Peu importe, Roquette veut inciter les producteurs locaux à reprendre la culture. L’an passé, l’amidonnier leur avait proposé des primes d’environ 80 €/t permettant de compenser le différentiel avec les autres céréales. Cette année, les contrats-cadre de culture devraient être indexés sur les prix du blé au Matif.
