Carrefour, contraint de geler ses prix en Argentine

> Carlos Velasco, directeur de communication de Carrefour Argentine.
Installé en Argentine depuis 1982, le groupe Carrefour y est devenu le no 1 de la grande distribution avec environ 20 % de parts de marché et 571 magasins dont 365 marchés de proximité situés pour la plupart à Buenos Aires. Mais depuis un an, comme ses concurrents, le groupe a dû se plier à un dispositif gouvernemental de contrôle des prix qui concerne à ce jour 380 produits de base (lire encadré).
Carlos Velasco, directeur de communication de Carrefour Argentine, rappelle que « depuis quelques années déjà, un haut fonctionnaire tâchait de limiter l'envolée des prix alimentaires mais de façon personnelle, bien moins structurée qu'aujourd'hui ». Depuis janvier dernier, le dispositif « prix soignés », piloté par le secrétariat d'État au Commerce intérieur, dresse une liste de produits dont les prix sont gelés. Ponctuellement, de légères hausses sont tolérées à un niveau nettement inférieur au taux d'inflation général des prix qui va de 20 % à 40 % par an, selon les sources.
« Les inspections de fonctionnaires dans nos magasins sont régulières, informe Carlos Velasco. Mais nous respectons notre engagement. “ Prix soignés ” est devenu une marque. Il arrive même qu'un produit concerné rencontre davantage de succès qu'un autre de qualité similaire et de moindre valeur. Les consommateurs voient le logo et achètent sans comparer. Nos marges sur ces produits listés sont infimes, mais le fait de les proposer nous distingue des épiceries de quartiers, qui ne sont pas impliquées dans le programme. Des clients viennent chez nous pour trouver les produits aux prix contrôlés et en acquièrent d'autres au passage », détaille-t-il.
Carrefour Express se développe à Buenos AiresLa stratégie majeure de Carrefour Argentine, ces derniers temps, a été l'ouverture de nombreux marchés de proximité (Carrefour Express) à Buenos Aires. Ce format de magasin était, il y a peu, presque exclusif de propriétaires d'origine asiatique. Carrefour compte à présent 365 « Express ». « Nous avons su nous différencier des “ épiceries chinoises ” en soignant le service, l'illumination et l'hygiène », souligne Carlos Velasco. Un autre format de magasin qui pour Carrefour a le vent en poupe, en Argentine comme au Brésil d'ailleurs, est celui de magasins de grossistes. Carrefour a ouvert quatre « Maximarchés » en banlieue de Buenos Aires ces deux dernières années, dans des quartiers populaires. Carlos Velasco précise que « leur clientèle est composée de commerces de détail et de familles nombreuses. Deux de ces Maximarchés ont une surface de 5 000 m2 et les deux plus récents de 3500 m2 ».
Dans un contexte de forte inflation, le gouvernement argentin a mis en place un système de contrôle des prix étendu à 380 produits de base (huiles, viandes, fromages, etc.) vendus en grandes surfaces. Toutes les chaînes de supermarchés doivent proposer l'ensemble de ces produits et afficher les prix déterminés par les autorités. Lors des premières semaines d'application de ce dispositif, de crainte que les enseignes n'y adhèrent pas, une campagne publicitaire officielle a encouragé les consommateurs à dénoncer d'éventuelles absences de produits en rayon. Une ap-plication Internet sur téléphone portable a même été conçue dans ce but. Ce dispositif intitulé « Prix soignés » sera reconduit en 2015.
Carrefour Argentine dénombre 4 400 fournisseurs. Une fois par an, le groupe organise une reunion avec les 350 principaux pour commenter leurs résultats respectifs. L'an dernier, le segment des boissons a connu une forte croissance, notamment grâce à ses diverses promotions. En 2015, Carrefour continuera son expansion en Argentine en y ouvrant une vingtaine d'Express et deux Maximarchés.