Campagne céréalière : les fondamentaux s’imposent
Les prix du blé poursuivent leur progression dans le sillage de la hausse de Chicago (voir rubrique tendances) profitant de la tension d’un marché international dont les disponibilités ont été revues en forte régression au gré des analyses successives depuis le début de la campagne, de la part des grands experts internationaux, notamment le CIC et l’USDA. Le Conseil spécialisé « céréales » de l’ONIGC, réuni mardi n’a donc pu que constater une évolution des marchés céréaliers « porteurs pour les céréales françaises».
Vue sous cet angle, la campagne a effectivement bien commencé. Nos blés, en majorité panifiables, s’exportent sans restitution, ayant retrouvé un bon niveau de compétitivité après que les dernières hausses de Chicago aient rapproché les cours mondiaux (qui avaient pris du retard) des prix français (qui avaient pris de l’avance). Aujourd’hui les deux marchés se sont rejoints pour s’aligner sur des fondamentaux inspirés par la faiblesse de la récolte mondiale. 3,1 Mt de certificats (essentiellement en droit commun et en sorties des stocks d’intervention) ont été tirés dont la moitié pour la France soit 1 Mt de plus que l’an dernier à la même époque. L’ONIGC constate aussi que la hausse des prix du blé profite à l’orge et au maïs. Ces produits trouvent un regain d’intérêt auprès des fabricants d’aliments du bétail européens et voient leurs prix monter dans « l’aspiration », comme on dit en course automobile, de ceux du blé. Les FAB (et les meuniers) ne partagent sans doute pas cette analyse satisfaite, mais le président du conseil spécialisé fait remarquer que les producteurs ont subi deux campagnes successives commercialement désastreuses et que le redressement des cours vient à point pour tirer certaines exploitations d’une situation catastrophique.
Récolte française de blé : 33,6 Mt
Cependant, pour freiner une trop grande volatilité des prix Les cours du physique ont progressé depuis le début de la semaine de 2 euros par jour, à 157 euros pour du blé rendu Rouen ce mercredi matin.Bruxelles a toujours la possibilité de calmer un peu le jeu par le mécanisme de remise sur le marché de stocks d’intervention, ce qui n’a pas eu beaucoup d’effets jusqu’à présent. 515 000 tonnes de maïs ont été revendues de la sorte et 200 000 tonnes de blé d’intervention polonais seront soumis à adjudication sur le marché intérieur, pour transformation en farine (comité de gestion de jeudi prochain) ce pays souffrant cruellement de blé de qualité panifiable. Les Polonais sont d’ailleurs vivement intéressés par les blés français. L’office maintient ses objectifs d’exportation vers les pays tiers à 6 Mt et de ventes à l’UE à 8,7 Mt, malgré la modicité des ressources estimées à 32,7 Mt, soit 3 Mt de moins qu’en 2005-2006.
En effet, le Conseil a ajusté en baisse de 400 000 t ses estimations de récolte de blé tendre à 33,6 Mt. Ainsi, malgré la baisse des utilisations par les FAB, 5,8 Mt cette campagne (- 10 %), le stock de report tomberait à 2,1 Mt, 25 % de moins qu’à la fin de la dernière campagne.
Parmi les autres principales estimations formulées par le Conseil spécialisé figure celle relative à la récolte 2006 de maïs prévue à 12,15 millions de tonnes, chiffre qui pourrait encore légèrement baisser. Ainsi, l’Office se place à plus d’un million de tonnes de moins que l’AGPM qui procéderait à une nouvelle estimation en fin de semaine. Le maïs devrait quelque peu profiter du report des incorporations de blé dans l’alimentation animale, mais c’est l’orge qui en récupérera l’essentiel, avec une prévision des incorporations à 1,8 Mt, 66 % de plus qu’en 2005-2006. L’orge retrouve sa vocation fourragère battue en brèche par le blé bon marché, en 2005-2006. Le stock de report de maïs tomberait à 2,1 millions de tonnes soit 4 % de moins qu’en 2005-2006 et celui d’orge à 1,07 million de tonnes soit -14 %.