Café : l'Afrique de l'Est mise sur la qualité
Les producteurs d'Afrique de l'Est tablent sur le développement des cafés de qualité pour améliorer leurs revenus face «au système des intermédiaires» dont le rôle dans la filière a été une nouvelle fois dénoncé à la quatrième conférence des producteurs de café est-africains. La conférence, qui s'est achevée samedi en Ethiopie - sixième producteur mondial - a réuni les professionnels de 9 pays d'Afrique de l'Est et centrale et d'autres pays producteurs, comme le Brésil.
Tous les producteurs de la région tentent d'améliorer la qualité de leurs cafés. Mais le développement de café d'appellation est encore balbutiant dans la plupart des pays avec seulement quelques marques, qui souvent ne sont pas déposées et sont surtout destinées au marché local.
Dans ce domaine, l'Ethiopie ou le Rwanda font figure de pionniers. L'Ethiopie a déposé la marque de trois de ses variétés uniques - Yirgacheffe, Harar et Sidamo - dans 30 pays et les propose sous forme de licences. Le Rwanda a lui choisi de promouvoir une appellation, Virunga, dont la production est écoulée via le réseau du commerce équitable. Quelle que soit la démarche retenue, l'objectif est le même: garantir de meilleurs revenus aux petits producteurs en proposant des cafés de qualité supérieure et en contournant les circuits traditionnels d'achat.
« Les gros acheteurs ne donnent pas le vrai prix aux producteurs», a expliqué un responsable d'une coopérative rwandaise. « Ils nous demandent toujours plus de qualité mais baissent toujours le prix d'achat - aujourd'hui 3 dollars le kg alors qu'il faudrait au moins un dollar de plus -, et ne nous laissent pas développer nos propres marques de qualité parce qu'ils font des mélanges», ajoute-t-il.
Les pays producteurs vendent les grains séchés à des intermédiaires qui ont des achats garantis avec les distributeurs qui torréfient, transforment et mélangent les productions pour les vendre.
« Il faut changer tout ce système des intermédiaires et tenter de vendre directement du producteur aux consommateurs, ce qui veut dire mieux organiser nos filières», estime de son côté un responsable de l'Office rwandais du café (OCIR).
Aussi l'expérience du Brésil intéresse-t-elle au plus haut point les producteurs africains. Le Brésil a mis en place une structure intégrée qui achète les grains, les torréfie et les vend, ce qui permet d'avoir plus de poids sur le marché mondial et d'obtenir un meilleur prix d'achat aux producteurs tout en contrôlant la qualité tout le long de la chaîne. Selon un producteur brésilien Joao Moraes, « si on développe une marque, reconnue comme un café de qualité, et qu'on peut certifier son origine et son terroir, alors on ajoute de la valeur et on gagne plus d'argent». C'est aussi l'objectif affiché des producteurs d'Afrique de l'Est.