Budget 2015 et innovation
Difficile de boucler le budget de l'État. Année après année la tâche semble de plus en plus ardue et la chasse aux économies une priorité pour Bercy. Des économies qui prêtent facilement aux critiques, alors que les solutions alternatives sont bien peu nombreuses à émerger, diront certains. Cette année ne déroge pas à la règle. La loi de Finances 2015 amène son lot de discussions tendues. Il est vrai que certaines coupes budgétaires laissent perplexes, notamment quand elles portent sur la politique d'innovation pourtant moteur de l'économie. La baisse des crédits (dits d'animation et de gouvernance) accordés par l'État aux pôles de compétitivité, annoncée il y a quelques jours, a soulevé de fortes contestations en région. Spécificité française, les pôles de compétitivité ont montré leur efficacité pour stimuler l'innovation auprès des PME, de l'agroalimentaire notamment, secteur où les pôles s'avèrent particulièrement efficaces pour faire émerger et financer des projets créatifs. Emmanuel Macron a finalement accepté le 5 novembre de ramener les crédits de fonctionnement à 14 millions (contre 16 cette année, et 11,5 initialement prévus pour 2015). Mais le fait que l'État reporte une partie du financement des pôles sur les régions inquiète quant à leur pérennité. À cela s'ajoute la volonté de certains députés de plafonner le crédit impôt recherche (CIR), autre mesure adoptée en commission des finances le 5 novembre dernier. L'objectif : récupérer 530 millions, le CIR étant la deuxième niche fiscale la plus coûteuse pour l'État après le CICE. L'amendement déposé par la députée Valérie Rabault viserait seulement à empêcher les grands groupes d'optimiser le CIR en « saucissonnant » leurs dépenses de recherche entre filiales. Une pratique très peu répandue, selon la Cour des comptes. Ces tentatives de toucher au CIR et aux pôles de compétitivité donnent en tout cas un mauvais signal au moment où l'innovation et l'investissement semblent repartir dans l'agroalimentaire (en témoigne le récent Sial) et alors que les industriels se plaignent du manque de visibilité en France.