Bruxelles taxe le saumon norvégien
Face à l’opposition du Conseil des ministres de l’Union européenne saisie par le Danemark et la France, le règlement instituant des mesures de sauvegarde sur l’importation de saumon d’élevage est abrogé à compter du 27 avril prochain. Ces mesures, imposées le 4 février dernier à la demande des producteurs irlandais et écossais, avaient instauré des quotas et des prix minima sur l’importation de saumon de Norvège, des Iles Féroé et du Chili notamment dont les montants devaient initialement être relevés le 16 avril dernier.
« Nous sommes évidemment contents et satisfaits » a déclaré samedi Ignacio Walker, ministre des affaires étrangères chilien, précisant que son pays avait demandé quelques jours plus tôt à l’OMC de rendre son arbitrage sur le différend l’opposant à ce propos à l’Union européenne. La Norvège, elle, ne s’en tire pas à si bon compte. Suite à une enquête antidumping, Bruxelles vient de conclure que « sur la période allant du 1er octobre 2003 jusqu’au 30 septembre 2004, les importations en provenance de Norvège avaient continué de croître et faisaient l’objet d’un dumping préjudiciable » Règlement n° 628/2005 du 22 avril 2005 publié au JOUE du 23 avril.. En conséquence, la Commission vient d’adopter des mesures provisoires antidumping sur les importations de saumon d’élevage originaire de Norvège. Le taux des droits provisoires varie, selon les entreprises norvégiennes exportatrices, de 6,8 % (pour Nordlaks Oppdrett AS) à 24,5 % (pour Follalaks SA) en passant par 15,3 % pour Marine Harvest, la moyenne étant de 16 %. Il est applicable dès ce mercredi 27 avril.
Une hausse des prix à répercuter ?
Bruxelles justifie ces mesures en partie par le fait que la situation de la production communautaire s’est détériorée entre 2001 et la période d’enquête. Si les capacités de production et les volumes de ventes (+13%) ont progressé, des évolutions négatives ont été enregistrées sur le prix de vente (-5 % de 2002 jusqu’à la période d’enquête), les parts de marché (-3 % de 2002 jusqu’à la période d’enquête), la rentabilité (de +7,2 % en 2001, les bénéfices se sont transformées en pertes de -4 %) et les salaires (-19 %).
Ces mesures ne seront cependant pas au goût de tous, même au sein de l’Union européenne. L’industrie française de transformation représentée par le syndicat du saumon et de la truite fumés s’était déjà opposée aux mesures de sauvegarde. A ceux-là, la Commission répond : « importateurs et transformateurs seront peut-être amenés à payer des prix plus élevés s’ils continuent à acheter des produits norvégiens, puisqu’ils devront s’acquitter d’un droit antidumping. Il faut toutefois noter qu’ils n’auront pas à supporter entièrement la hausse des prix, puisqu’ils pourront sûrement la répercuter dans une certaine mesure sur les stades suivants de la chaîne de distribution et sur les consommateurs ».