« Bruxelles lâche la sécurité alimentaire »
«Pas une seule fois, la Commission n’a parlé de sécurité alimentaire », a déploré Pierre Chevalier, le président de la Fédération nationale bovine (FNB), au lendemain de la présentation officielle du bilan de santé de la Pac. Les éleveurs ont l’intention d’alerter les députés sur le sort réservé à leur production. « On va constituer un groupe Élevage à l’Assemblée nationale », a-t-il lancé hier aux journalistes. L’action de lobbying doit s’étendre aux parlementaires de chaque département. Elle pourrait même cibler le Parlement européen, avec l’aide des fédérations d’autres États membres, dont l’Irlande, l’Espagne, l’Italie et même la Grande Bretagne, ralliée récemment.
Quelques points positifs sont toutefois relevés dans les propositions de réforme de la PAC. La FNB note avec satisfaction un changement de discours sur le découplage : Bruxelles admet la possibilité d’un recouplage total de la Prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes (PMTVA). Un rééquilibrage des soutiens à l’intérieur du premier pilier est aussi évoqué. « Il faut continuer à marteler qu’un rééquilibrage des aides est nécessaire en faveur de l’élevage à l’herbe », a nuancé Pierre Chevalier, en soulignant que d’une manière générale « la copie reste à corriger ».
Péril à l’OMC
La Politique agricole commune n’est pas seule dans le collimateur. Un autre sujet d’inquiétude concerne l’OMC. « Les négociations internationales prennent une tournure catastrophique », a-t-il estimé. Le commissaire européen Mandelson semble déterminer à obtenir un accord avant le 30 juin. En abaissant ses droits de douane de 66 à 73 %, l’UE ouvrirait la porte à près de 2,5 Mt de viande bovine importée, correspondant à 30 % de la consommation.
Une telle perspective est mal venue. L’élevage bovin fait face à une hausse des charges de 12 % en un an, dont 25 % pour l’alimentation animale. De leur côté, les prix du maigre ont chuté de -20 % par rapport à 2006, ceux des gros bovins finis allaitants de -10 %. Le revenu est par conséquent attendu en baisse de moitié par rapport à 2006, après le recul de 23 % enregistré l’an dernier.