Brésil, Chine et Inde captent le marché occidental
Pionnière il y a quelques années, la France se situe désormais au 19 e rang européen en termes de surfaces cultivées en agriculture bio. Avec 557 133 hectares convertis en 2007, la France ne représente que 8 % des terres européennes, alors qu’au niveau mondial, 32,2 millions d’hectares ont été cultivés en biologique cette même année, selon les derniers chiffres de l’Ifoam (International Federation of Organic Agriculture Movements). Sur de nombreux produits, la France est déficitaire et doit importer pour répondre à la demande croissante, notamment sur certains fruits et légumes, légumineux et céréales. Et la volonté des pouvoirs publics d’augmenter l’offre n’est pour l’instant pas assez suivie d’effets. Quels pays profitent donc de notre manque de production ? Au niveau européen, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne sont beaucoup plus avancés que nous, représentant respectivement 16 %, 12 % et 14 % des surfaces cultivées en agriculture biologique en Europe.
Un problème de qualité
Au niveau mondial, l’Argentine, le Brésil, la Chine et l’Inde restent les premiers pays producteurs de produits biologiques, et logiquement les premiers exportateurs, la demande domestique étant faible. L’Ifoam note que les produits biologiques issus de l’aquaculture (crevettes et poissons) commencent à émerger en Chine, en Indonésie, au Vietnam, en Thaïlande et en Malaisie. Selon l’association mondiale, l’Amérique du Nord et l’Europe représentent 97 % du revenu mondial. C’est sur les céréales que le déficit de la France est le plus flagrant. « Là où on a le plus de difficultés pour s’approvisionner sur le marché français c’est sur les céréales, le soja, les légumineuses, tant en volume qu’en variété », confie Claude Gruffat, pdg de Biocoop.
Les importations de blé tendre par les transformateurs français ont été multipliées par 2,6, passant de 1 418 tonnes à 3 623 tonnes au 1 er octobre 2008. Selon Olivier Markarian, pdg de la société Markal spécialisée dans les produits biologiques à base de céréales, au-delà des problèmes de volumes disponibles, « il y a une vraie problématique de qualité ». « Nous importons le blé dur d’Italie pour des raisons qualitatives, liées au terroir, au climat et au savoir-faire. Si en France, nous n’allons pas dans le sens de la qualité, cela ne sert à rien de vouloir augmenter les surfaces », note-t-il.
Des importations chinoises en hausse
Pour le soja, le Brésil reste le pays choisi par les transformateurs français, qui consentent néanmoins à se tourner vers la Chine en cas de mauvaises campagnes brésiliennes. Le nombre d’autorisations d’importations accordées par le ministère de l’Agriculture a grimpé de 22 % en 2007 par rapport à 2006, selon les dernières données disponibles de l’Agence Bio. En tête des pays concernés, le Maroc (63 demandes, +47 %), la Turquie (45 autorisations, + 73 %) et Madagascar (40 demandes autorisées, +21 %). La plus forte progression concerne les produits provenant de Chine, avec une croissance de 79 % des autorisations d’importations. Les produits chinois importés seraient surtout du thé, des produits issus de l’apiculture et des plantes aromatiques.