Bovin viande en Bretagne : un curieux exercice 2008
Avec 18 % de la production française et 22 % des abattages, la Bretagne s'est inscrite dans le mouvement de baisse nationale. Selon l'Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB), qui tenait il ya une semaine son assemblée générale, la production française devrait perdre cette année, en effet, 1,1 % de ses volumes. En Bretagne, les cours des 115 000 bovins allaitants (le quart de la production régionale de viande bovine environ) sont supérieurs à ceux de 2007, qui avait vu le retour dans l’UE de viandes en provenance d'Argentine, d'Uruguay et surtout du Brésil, mais moins élevés que ceux de 2006. La très forte contraction des importations brésiliennes (- 82 %) sur 2008 pour des raisons sanitaires ont fait reprendre des couleurs aux cours. Ou du moins neutralisé la baisse de la consommation de viande bovine en France, de l'ordre de 4,2 %, selon l'UGPVB. En fait, les éleveurs n'ont pas eu beaucoup le temps d'apprécier la vigueur des cours en 2008. Les coûts alimentaires ont flambé de 29 à 39 % selon les systèmes de production (source Institut de l'Elevage), puis les cours ont été entraînés à la baisse en fin d'année.
Une production toujours atomisée
La faute à « la mise sur le marché de vaches laitières qui auraient dû être réformées plus tôt », explique Philippe Dagorne, président de la section bovine de l'UGPVB. La viande de ces vaches laitières gardées en production au début 2008 pour réaliser le quota supplémentaire de 15 % accordé sur la fin de campagne 2007-2008, a d'un coup alourdi le marché. Sur le plan sanitaire, la fièvre catarrhale a singulièrement compliqué la tâche des producteurs. Ils ne peuvent ni exporter leurs animaux vivants s'ils ne sont pas préalablement vaccinés contre les deux sérotypes 1 et 8, ni déplacer les animaux pour engraissement d'une zone à sérotype 1 vers une zone à zérotype 8. Un vrai casse-tête que le froid et le programme de vaccination (obligatoire cet hiver) devraient résoudre. A moyen terme, la section bovine de l'UGPVB s'interroge sur l'atomisation de la production bretonne, issue de petits élevages naisseur engraisseur d'une quarantaine de mères dont les coûts de ramassage sont plus élevés que dans d'autres régions. L'espoir de Philippe Dagorne, c'est de « profiter du renouvellement des générations, très important dans les années à venir pour restructurer l'élevage bovin ».