Boulogne-sur-Mer parie sur le dynamisme de ses PME
Vivement 2009-2010 ! A cette date, la plupart des projets de l’agglomération boulonnaise auront en effet abouti ou seront en voie de finalisation. En attendant, le port cherche toujours à se sortir de cette période difficile dans laquelle l’a plongé notamment la mise en service du tunnel sous la Manche (6 mai 1994), la politique commune de la pêche (2002) et la fermeture de l’usine sidérurgique de la Comilog intervenue en décembre 2003. Aujourd’hui, le port veut de nouveau croire en son avenir et les responsables locaux multiplient les initiatives pour un sursaut de Boulogne-sur-Mer.
Premiers chiffres positifs : ceux de la pêche. Après une chute importante enregistrée en 2005, les tonnages entrés à la halle de marée en 2006 sont en progression de 14 % en volume (43 952 tonnes contre 36 121 tonnes). La baisse de 8 % du prix moyen du poisson en 2006 a par contre limité à 5 % la progression de la valeur totale de la pêche fraîche (85 millions d’euros).
Ce sont des espèces comme le lieu noir, le hareng, le calamar et le merlan qui permettent cette embellie des chiffres auxquels viennent s’ajouter les 11 925 tonnes de poissons ramenés par les trois chalutiers surgélateurs de la société Euronor (+11% en volume). En revanche, le secteur de la transformation boulonnaise est de plus en plus confronté à la concurrence intra-européenne, certaines espèces étant travaillées dans des pays à faible coût de main-d’œuvre. Pour dynamiser son économie locale, Boulogne a donc multiplié les projets. Le port est fier de sa nouvelle gare de marée opérationnelle depuis 1996. Longue de 500 mètres et reliée désormais à l’A16, elle permet à 112 gros porteurs de charger simultanément sur l’avant du bâtiment. « C’est un outil logistique primordial pour approvisionner toute l’Europe en produits de la mer », soulignent les promoteurs boulonnais.
Attirer des jeunes entreprises innovantes
Il y a également le pôle de compétitivité de la filière des produits aquatiques à vocation nationale (12 projets ont démarré pour un budget global de 3,3 millions d’euros et 7 autres projets sont en attente pour un budget global de 4 millions d’euros) et la toute récente création d’Haliocap inauguré le 23 mars dernier.
Haliocap propose aux porteurs de projets à la fois un incubateur, une pépinière et un atelier relais. Les installations sont situées en plein centre de Capécure, poumon boulonnais qui bat au rythme de la pêche. « Elles doivent permettre d’attirer de jeunes entreprises innovantes pendant une période maximale de 23 à 48 mois et favoriser de nouvelles implantations », explique Alain Ducamp, président d’Innovea, le syndicat des conserveurs et des transformateurs de poissons boulonnais.
Il y a aussi le nouveau laboratoire AFSSA (3,2 millions d’euros d’investissements) qui vient de poser sa première pierre le 12 janvier dernier et va déménager dans de nouveaux locaux. Construit sur 700 m 2, il renforcera la surveillance de la qualité et de la sécurité des produits de la mer.
Un hub port
L’activité « produits de la mer », enclavée dans la zone de Capécure compte beaucoup sur l’aménagement des 40 hectares de l’ex-Comilog situés en front de mer pour se développer. Les premières constructions devraient sortir de terre dès les premiers mois de 2008.
Cinq hectares pour des activités tertiaires, une plateforme logistique pour le fret maritime (Hub port) et une extension des activités de transformation des produits de la mer dans la partie nord (15 ha). « Un trafic de fret important pourrait ainsi voir le jour sur cette nouvelle zone, » expliquait récemment Francis Leroy, le président de la Chambre de Commerce.
C’est dans ce « hub port » que sera créée fin 2008-début 2009, la première liaison de BGV entre le port norvégien de Drammen Une liaison similaire avec les ports espagnols de Vigo et Santander ainsi qu’une liaison au plus près de Londres dans l’estuaire de la Tamise pour le fret passagers avec le port de Sheerness sont également envisagées. et Boulogne, initiée par le groupe Chikara Shipping. Elle permettra de transporter des remorques chargées de poissons dans le sens nord – sud et des produits agricoles frais dans l’autre sens (trois rotations par semaine).
« Sur les quinze hectares prévus et disponibles en juillet 2007 pour l’extension « produits de la mer », douze sont déjà préréservés », explique-t-on à la Chambre de Commerce. Une PME comme Ocean Délices a déjà prévu de s’y installer sur une superficie de 2500 m 2 d’ici deux ans. Mais d’autres noms sont également avancés comme l’entreprise de mareyage Capitaine Houat.
Tout sur la valeur ajoutée
Le pôle de compétitivité des produits aquatiques, les nouvelles installations de l’AFSSA, la pépinière Haliocap… : autant de projets qui favorisent innovation, amélioration des technologies, de la qualité et de la sécurité alimentaire. Ces nouveaux investissements visent à développer des produits à plus forte valeur ajoutée en tirant mieux partie d’espèces comme le lieu noir ou en valorisant beaucoup mieux les coproduits de la pêche. La Coopérative de Traitement des Produits de la Pêche (CTPP), devenue maintenant Copalis, qui traite environ 40 000 tonnes de coproduits de la pêche pour un chiffre d’affaires annuel de 10 millions d’euros, parie désormais sur une augmentation de la valeur ajoutée obtenue par de nouveaux débouchés pour pallier à la diminution des tonnages travaillés.