Bouleversements dans l’alimentation animale
        
      
      
      La progression fulgurante des biocarburants, les tensions sur les prix des carburants, les tensions sur les prix des céréales créent un cercle vertueux pour les coproduits issus de la fabrication de carburants végétaux. Drêches de maïs, glycérine, farines de colza… Les opportunités seront nombreuses alors même que de nombreuses interrogations subsistent quant à leur incorporation dans les formules. Le fait étant que la littérature scientifique sur le sujet n’est pas aussi volumineuse qu’elle devrait l’être. « Les chercheurs ont beaucoup de travail sur ces sujets » confime PJ. Van der Aar, directeur du Schothorst Feed research (Pays-Bas), un institut de recherche spécialisé dans l’alimentation animale. « L’abondance de ces matières, comportant beaucoup de protéines, va faire baisser le prix de ces dernières, mécaniquement. Et peu à peu, c’est l’énergie qui sera la première composante du prix de l’aliment composé, pour au moins 80 % » explique-t-il. « Nous devons donc affiner les techniques d’évaluation de teneurs en énergie. »
Autre challenge, la distillation
Mais là n’est pas le seul challenge, le process industriel, la distillation notamment, provoque des concentrations de molécules parfois peu désirables. « Il nous faut aussi en effet nous pencher sur ces questions de résidus, ou des éléments indésirables comme les mycotoxines, les métaux lourds, les produits phytos de protection des plantes… » Sans parler de l’impact de ces nouvelles matières premières sur le métabolisme des animaux, de leurs teneurs en phosphore et les rejets ammoniacs qu’il va falloir apprendre à gérer. Le besoin de normer les produits se fait donc sentir, alors qu’aucun dispositif n’existe encore à ce jour et que les résultats d’analyses effectués aux USA montre que la variabilité est énorme, notamment pour les issues de maïs.
Absence de normes
« Nous avons besoin d’avoir un standard appliqué à toute l’industrie, qui permettrait de fixer la qualité des drêches de maïs, de connaître avec précisions leur composition, qui serait une assurance de la qualité associé avec une dénomination » insistait le Canadien John Patience, de Prairie Swine Center. « Nous avons déjà ce type de dispositif pour certains autres produits, comme le Colza “Canola” (Canadian Oil low acid), dont les teneurs maximums ou maxima en glucosinolate sont garanties… Sans assurance, nous ne sommes pas en mesure d’avoir entière confiance dans ces produits. » Il faudra, pour cela, que les producteurs de carburants décident de ne plus considérer les résidus comme des sous-produits mais bien comme des coproduits. Sans même aller jusqu’à évoquer les préoccupations des consommateurs. « L’attente des consommateurs européens en sécurité sanitaire des aliments est très forte, le marché aura donc besoin de matières premières tracées et il est probable qu’un marché se développe autour de l’argument “fabriqué en Europe à partir de production de dérivés de biocarburants”, avance Christine Chudaske, de l’université allemande de Manheim. Le futur s’écrit dès à présent, mais en cerner les contours restent délicats. »
 
        
     
 
 
 
 
 
