Bordeaux : prix en hausse par rapport à 2007
Malgré un millésime 2007 qualifié de « difficile » ou d'« intermédiaire » par les dégustateurs, les prix des grands crus de Bordeaux vendus en primeurs n’enregistrent au mieux que de faibles baisses, conduisant certains acheteurs à juger les propriétaires « un peu gourmands ». « En raison de la qualité du millésime, c’est une année un peu délicate », admet Francis Cruse, directeur de l’Union des maisons de Bordeaux, le syndicat des négociants. « Le marché s’attend à des prix plus raisonnables(que les années précédentes) , ça n’est pas toujours le cas », poursuit-il, alors que les premiers prix du millésime 2007 à la sortie des propriétés commencent à être dévoilés. Stocks bas, volumes en baisse de 25 à 30 % par rapport à 2006, prix élevés depuis la hausse vertigineuse de 2005, « le marché des grands crus n’a jamais été aussi sain, alors certains sont un peu gourmands, les propriétés n’ont pas envie de baisser », renchérit François Lévêque, président du Syndicat régional des courtiers en vins et spiritueux.
Hausse « pas normale »
Certes, la campagne ne fait que commencer et les prix des marques les plus cotées ne sortiront que début juin, après la tenue du 27 au 29 mai à Hong Kong de Vinexpo. Jean-Luc Thunevin, négociant et propriétaire à Saint-Emilion, estime qu’il n’est « pas normal que des 2007 soient plus chers » que les 2006, même si les propriétaires justifient leurs prix par « les moyens investis » pour améliorer la qualité. Et même, « une baisse de 5 ou 7 %, ça n’est pas une baisse », juge-t-il, « on aurait aimé -15 % ». Et M. Thunevin de s’interroger : « Pourquoi payer aujourd’hui des vins qui seront au même prix en 2009 ? », lorsque les primeurs seront mis en bouteilles et livrés. A titre d’exemple, le château Lagrange (saint-julien) est sorti de la propriété à 20 € HT la bouteille de 75 cl (-4,76 %), le château Haut-Marbuzet (saint-estèphe) est resté fixe à 20 € HT, le château Gruaud-Larose (saint-julien), en baisse de 2,04 %, s’est négocié à 24 € HT. Malgré tout, avec une baisse pourtant modeste de 3 à 5 %, « sur les marques fortes, qui sont à des prix consommateurs entre 20 et 40 € », on constate « un gros succès », affirme M. Lévêque. En revanche, « sur les marques moins connues, avec moins 5 %, on a plus de difficultés ».
Le bordeaux 2007 pâtit également, dans une certaine mesure, du manque d’intérêt de la part de clients anglais ou américains, qui se manifestent surtout sur les grands millésimes spéculatifs. Pour le courtier François Lévêque, « la compensation en 2007, c’est la grande distribution » qui, elle, est présente aux achats.