Bonduelle contre l'incinérateur d'Arques
L’implantation d’un nouvel incinérateur déclenche toujours autant de passions dans les campagnes. Celui qui doit s’implanter à Arques près de Saint-Omer, Pas-de-Calais (62) ne fait pas exception. L’association de riverains manifeste son opposition farouche au projet depuis l’origine. Bonduelle a réagi à plusieurs reprises et vient de donner de la voix encore tout récemment à la veille des élections municipales. Le leader européen du légume réaffirmait « sa plus vive opposition à l’incinérateur d’Arques (62) dont l’implantation est prévue à proximité immédiate de son usine historique et emblématique de Renescure Nord (59) ».
L’implantation du nouveau centre de valorisation énergétique (CVE) « Flamoval » se fera au barycentre des 135 communes adhérentes du syndicat mixte Flandre-Morinie. De Calais à Dunkerque jusqu’à Béthune, celles-ci lui concéderont le traitement de leurs déchets. Ils seront traités dans ce nouvel incinérateur d’une capacité de 92 500 tonnes dès 2011. Une partie d’entre eux est actuellement dirigée en centre d’enfouissement, « le procédé le plus néfaste en termes d’impact environnemental », explique un spécialiste.
Une question d’image
C’est vraisemblablement le dernier baroud d’honneur du groupe Bonduelle qui s’oppose à Flamoval depuis 2004. Car aujourd’hui les choses semblent bien avancées sur le terrain : le permis de construire vient d’être accordé et les appels d’offre lancés. L’enquête d’utilité publique, achevée le 31 décembre dernier, n’attend plus que l’accord du préfet du Pas-de-Calais… dont on dit qu’il s’apprête tout prochainement à rendre une décision favorable. Le premier coup de pioche doit être donné en septembre 2008.
Renescure est l’une des deux plus importantes usines du groupe Bonduelle. Elle emploie 850 personnes et transforme les légumes de 650 agriculteurs du Nord-Picardie. Elle n’est située qu’à 3,75 km du futur incinérateur, « juste sous les vents dominants du Sud-Ouest », déplore Jérôme Lefevre. Le directeur de l’usine affiche son désaccord sur l’implantation, mais aussi sur le choix technique pris par le Syndicat Mixte. « Il existe de nouveaux procédés plus consensuels et économiquement compétitifs comme la méthanisation », rappelle-t-il. Mais au-delà des aspects techniques, il y a surtout l’image. Quoi de pire que d’associer la naturalité d’un légume et « une région de Flandre encore préservée de pollutions » avec un incinérateur de déchets ménagers ! Bonduelle a également mesuré les éventuels risques médiatiques qu’un « dysfonctionnement réel ou supposé » ferait courir à sa marque universellement connue. Jérôme Lefevre déplore donc « l’entêtement des promoteurs de ce projet sur une monotechnologie qui fait peur ». « On ne refuse pas le projet, mais on déplore le manque de discussions tout au long de l’avancement de la procédure », regrette-t-il.
André Bonnier, président du Syndicat Mixte, réfute l’ensemble de ces griefs et cite en exemple les incinérateurs d’Ouarville dans l’Eure et de Perpignan (Calce) autour desquels la production agricole se poursuit. « On ne peut pas tout gérer par un centre de valorisation organique », souligne-t-il. « D’ailleurs, nous implanterons un CVO dès la mise en marche du CVE, tout comme l’a fait la métropole lilloise. Notre CVE possédera toutes les technologies de pointe et se placera parmi les toutes meilleures usines européennes », conclut André Bonnier.