Bœuf : des divergences persistent sur le signe montagne
Les premiers steaks hachés « Montagne » atterrissent sur les étals. Leur lancement est à l’initiative de Covial, une filiale du groupe coopératif Eleveurs du pays vert. Pendant ce temps-là, le Bœuf de montagne piétine. Des divergences apparaissent sur les modalités de gestion de la marque interprofessionnelle. Sa mise sur le marché sera vraisemblablement repoussée à l’an prochain.
Covial démarre la commercialisation en effectuant des tests dans plusieurs magasins d’Aurillac (Cantal). Les steaks hachés présentent un gros grain et contiennent 12 % de matières grasses. Ils ont été proposés à deux enseignes : Carrefour et Auchan. En parallèle, la coopérative poursuit une démarche de segmentation raciale, avec des viandes identifiées Salers et Aubrac. Elle tente aussi d’accorder ses violons avec l’association Bovi Montagne sur le fonctionnement de la nouvelle marque interprofessionnelle. Leur principale divergence porte sur la création d’une plate-forme de vente, inspirée de celle du Porc de montagne.
S’inspirer de l’automobile pour la commercialisation
« Si l’association se dote d’une équipe commerciale, l’industriel est réduit au rôle d’opérateur technique, proteste Serge Paran, président des Eleveurs du pays vert. On ne peut pas se passer de la relation avec le client. Je préfère une stratégie comme celle qui existe dans l’automobile. Notre société pourrait devenir concessionnaire de la marque, avec un cahier des charges à respecter et un prix public conseillé. »
Bovi Montagne ne l’entend pas de cette oreille. Son président, Patrick Bénézit, considère que « la plate-forme de vente est le meilleur moyen de se garantir une valeur ajoutée ». « L’association pourrait se contenter d’élaborer un cahier des charges, puis laisser faire les opérateurs. Mais, on sait très bien qu’ils sont plusieurs à vendre le produit, le phénomène de concurrence face à la grande distribution conduira à faire baisser les prix. C’est ce qui se passe pour le fromage Cantal, où on a fait en sorte de laisser les agriculteurs se chamailler entre eux sur le cahier des charges tout en continuant à envoyer les commerciaux sur le terrain pour brader la marchandise ».
Autre sujet de discussion, celui des races. Les propriétaires de la marque Boeuf de Montagne souhaitent accorder la priorité aux bovins viande. Covial veut inclure des races laitières, comme la pie rouge et la montbéliarde. « Les deux approches sont différentes, analyse Patrick Bénézit. Nous partons de la demande du consommateur pour définir le produit. Covial se base sur l’offre disponible. » Les parties prenantes du dossier Boeuf de Montagne pourront toujours se consoler en se rappellant que le Porc de montagne a aussi mis du temps à voir le jour.