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Blé : une demi-campagne très tendue

Les premières prévisions de récolte de blé tendre formulées par l’ONIGC en début de campagne faisaient espérer une production de 35,3 Mt. La sécheresse et la canicule de juillet ont vite réduit ces perspectives. Les bilans mensuels qui ont suivi ont fait l’objet d’une correction en baisse pour parvenir à une dernière estimation en décembre 2006 de 33,4 Mt. C’est la plus basse récolte depuis 2003 et 1,5 Mt de moins qu’en 2005. La différence avec la précédente campagne est plus spectaculaire si on considère les ressources disponibles ; car 2005-2006 avait démarré avec un stock de report de 4,7 Mt, alors que la nouvelle campagne commence avec un stock de 2,8 Mt.

Le total des ressources est donc estimé à l’issue de la première moitié de la campagne à 32,75 Mt soit 3 Mt de moins qu’en 2005-2006.

Les professionnels avaient généralement anticipé une baisse des disponibilités et le marché, dès la fin de la campagne 2005-2006, affichait une fermeté qui allait se transformer en flambée des cours au fur et à mesure que la faiblesse de la récolte se précisait. La hausse était par ailleurs stimulée par les résultats, également peu brillants, de la moisson au niveau communautaire (109 Mt contre plus de 115 en 2005) et mondiale (587 Mt, en baisse de plus de 30 Mt par rapport à la précédente).

Tous les éléments étaient donc réunis pour créer une tension des cours qui sera d’emblée plus spectaculaire sur le marché français et européen, le marché de Chicago réagissant plus tardivement à ces fondamentaux haussiers. Entre le début de campagne (1er juillet) et le 1er août, le prix du blé tendre classe 1 est passé de 110 euros la tonne, rendu Rouen, à 121 euros début septembre. On en est à 141 euros et les cours vont culminer à 160 euros à la mi-octobre.

Les prix élevés sont acceptés de gré ou de force sur le marché intérieur et communautaire par les utilisateurs (meuniers, fabricants d’aliments du bétail) qui ne manquent pas, surtout les fabricants d’aliments du bétail, de dénoncer les répercussions de la hausse des matières premières sur le produit fini.

Le marché d’exportation digère bien la hausse et l’ONIGC, dans son analyse de marché publiée début octobre, constate que « le blé européen s’exporte sans restitution » sur un marché international porteur. Depuis le début de la campagne jusqu’au début octobre, les certificats d’exportation de blé européen ont atteint 3,1 Mt, soit 1 Mt de plus que pour la période correspondante de la précédente campagne. Il s’agit pour plus de la moitié, de certificats de droit commun, sans restitution, et Bruxelles ne va plus adjuger de certificats marché libre, préférant privilégier les exportations à partir de ses stocks d’intervention. Qui plus est, la Commission remet en place des certificats « tirets », à durée de validité limitée et sans garantie contre une éventuelle taxe à l’exportation. La cadence des sorties vers les pays tiers se ralentit et début décembre, les certificats tirés depuis le début de la campagne représentent 5 Mt et sont encore supérieurs de quelque 200 000 tonnes à celle de 2005, même période.

Coups de frein à l’exportation

Au ralentissement des exportations pratiqué par Bruxelles, s’ajoute une perte de compétitivité des blés français par rapport à ceux de la zone dollar en raison de l’affaiblissement de la monnaie verte. Enfin, Bruxelles accentue sa pression sur les prix européens en accélérant la mise en vente sur le marché intérieur de ses stocks d’intervention (constat valable aussi pour l’orge et le maïs). Ces stocks fondent en effet pour représenter à la mi-décembre 9 Mt (dont 4,5 de maïs, 3 de blé, 1 d’orge et 450 000 t de seigle) ; les stocks français sont quasi nettoyés. Ces divers éléments, auxquels il faut ajouter la traditionnelle inactivité de fin d’année, ont donc pesé sur les prix. La cotation rendue Rouen reflue régulièrement pour passer des 160 euros de la mi-octobre à 143 début décembre. Ce recul de 17 centimes en moins de 2 mois est certes considérable mais ce cours est encore supérieur de 40 euros à celui de décembre 2005 ; il s’est par ailleurs stabilisé ces dernières semaines pour se maintenir entre 143 et 145 euros, pour un volume de transactions certes réduit de cette période de fêtes.

Les fondamentaux demeurent

Le marché ne reprendra une orientation significative qu’à partir de la mi-janvier. L’ONIGC, lors de son conseil du 12 décembre s’est montré, rappelons-le (nos éditions des 13 et 15 décembre) plutôt optimiste quant au déroulement de la seconde partie de la campagne en ajustant ses bilans « aux évolutions du marché et des prix ». Il a remonté ses estimations d’utilisation de blé par les fabricants d’aliment bétail, ce qui limite les effets de la baisse prévue des ventes à l’UE (pour cause de concurrence des ventes de stocks d’intervention). L’Office a en revanche maintenu ses perspectives d’exportation à destination des pays tiers en se fondant sur les maigres disponibilités chez la plupart des autres grands exportateurs mondiaux, de l’Ukraine à l’Australie, Le maintien des prix au niveau actuel jusqu’au 2e trimestre 2007 ne paraît donc pas utopique car les fondamentaux du marché demeurent.

Des perspectives 2007 plus équilibrées

En revanche, à plus long terme, le marché disposera de points de repères plus fiables sur la prochaine récolte. On sait que le CIC a estimé en hausse de 4 % les surfaces mondiales consacrées au blé pour la prochaine récolte, tandis que l’ONIGC base ses premières estimations d’ensemencement en blé d’hiver à 4,9 M ha. Pour le moment, l’état des cultures est satisfaisant. On peut donc logiquement envisager des récoltes plus importantes qu’en 2006 sauf nouvelles pertes de rendement exceptionnelles. Cependant, même si la prochaine récolte devait se révéler simplement normale, les disponibilités ne seraient pas encombrées de stocks de report pléthoriques puisqu’avec 114 Mt au plan mondial ils seraient les plus bas enregistrés depuis 10 ans.

En France, le report est prévu à 2,5 Mt, volume modéré. Ce ne sont là que des supputations tant que les récoltes ne sont pas engrangées. Rien n’est acquis, la dernière récolte est là pour le rappeler. Il faudra aussi compter avec les liquidations de positions longues prises abondamment par les marchés à terme américains où les transactions en blé atteignaient en novembre dernier, 40 % de plus qu’en 2005.

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