Blé : l’Égypte répond aux aspirations de la filière française
Le conseil spécialisé céréales a fait de l’exportation l’objectif primordial de la campagne 2008-2009 pour le blé dont la collecte surabondante devra impérativement trouver des débouchés extérieurs conséquents pour l’équilibre du marché (voir notre édition d’hier).
Les exportations communautaires et particulièrement françaises sont allées bon train depuis le début de la campagne puisque, la semaine dernière, les certificats d’exportation délivrés dans l’UE à 27 représentaient 3,6 Mt, soit pratiquement le triple de l’année dernière à la même date, dont 1,6 pour la France. Les exportations françaises de blé, bien que très actives depuis le début de la campagne ont néanmoins été dirigées vers des pays acheteurs traditionnels privilégiés, en particulier l’Algérie, le Maroc, l’Afrique noire grâce, d’une part aux liens commerciaux solides avec ces pays, mais aussi à la compétitivité relative des blés français sur ces destinations grâce au gain réalisés, en raison de leur proximité, sur les coûts de fret.
Cet avantage a diminué en même temps que les prix du fret, liés à la baisse du pétrole, et après les gros chargements effectués vers ces pays, le débouché risquait de se réduire. Et puis, les exportations françaises commençaient à souffrir du complexe égyptien, ce très gros client de la France ne s’étant manifesté qu’à deux reprises au cours de la première partie de la dernière campagne pour un modeste tonnage de 200 000 tonnes. Le Gasc, organisme de gestion du marché égyptien, a surtout réservé ses faveurs aux blés américains et à l’origine Mer noire, les prix français n’étant plus compétitifs.
Le blé européen va-t-il rester compétitif ?
L’ONIGC qui vise un objectif d’exportation pays tiers d’au moins 8 Mt cette campagne, comme nous l’indiquions hier, mettait l’Egypte parmi les marchés à reconquérir. Son vœu a été rapidement exaucé puisque dans l’appel d’offres égyptien couvert mercredi à hauteur de 190 000 tonnes, 115 000 l’ont été en blé français, les origines Russie et Ukraine se partageant les 75 000 t restantes. Dans cette affaire, l’offre française était à 251 $ FOB et l’origine mer Noire à 250 $. Les offres US qui commencent à souffrir du raffermissement du cours du dollar (1 euro = 1,40 euro) se sont révélées trop chères.
Cette affaire a redonné un peu de couleur au morose marché européen ; les cotations sur Euronext ont repris 1,50 euro sur les échéances novembre et janvier et le marché physique s’est redressé de 2 euros à 1,69 euro rendu Rouen. La question se pose de savoir si les prix français vont réagir avec suffisamment de sagesse pour conserver leur compétitivité face à des concurrents redoutables dont la Russie, l’Ukraine ou le Kazakhstan. Si le blé français se maintient dans une fourchette de prix opposables à ceux des concurrents, il bénéficiera d’un avantage important sur le plan de la qualité. L’enquête de l’ONIGC sur la qualité de la récolte 2008 confirme en effet que la moisson française a été non seulement volumineuse, mais bonne puisque sur les 37 Mt récoltées, 20 Mt l’auraient été en blé de haut de gamme, classes E et 1 et 14 Mt en classe 2, de bonne qualité internationale. Le retour de l’Égypte est un bon signe et comme disait le bon (?) cardinal Mazarin : « pourvu que ça dure ! ».
