Blé : le rapport qui met le feu au marché
Les opérateurs et spéculateurs qui guettaient le rapport du Département américain à l'agriculture (USDA) pour se déterminer dans leur marché physique ou dans leurs positions à terme, n'auront pas été déçus. Le rapport publié lundi a mis le feu à un marché qui entretenait déjà des cendres chaudes depuis des semaines. L'USDA annonce en effet une production mondiale de 610,15 Mt de blé, en baisse de 6,7 Mt de blé par rapport aux prévisions émises en mai. L'USDA envisage aussi une baisse de la consommation mondiale de blé de près de 4 Mt, à 620 Mt, insuffisante pour combler le recul de production, ce qui se traduirait, dans le cas probable où ses prévisions se concrétiseraient, par une aggravation du déficit, la campagne 2007-2008 s'achevant alors avec le plus bas stock connu depuis 30 ans : 112 Mt. L'USDA met essentiellement au compte des pays de l'ex-URSS, la chute de la production avec une prévision russe de 45 Mt contre 48,5 prévu en mai et une estimation pour l'Ukraine de 14 Mt contre 17,5 Mt le mois dernier. Rappelons que le ministère de l'Agriculture ukrainien annonçait pour sa part 12 Mt.
Potentiel entamé
Le potentiel exportable de ces deux grands pays habituellement présents à des prix très compétitifs sur le marché international tomberait à 10,5 Mt pour la première, soit un nouveau recul de 2,5 Mt sur mai et à 2,5 Mt contre 5,5 prévus le mois dernier, pour la seconde. Les pays du Maghreb perdraient encore 0,6 Mt par rapport aux prévisions de mai, l'Argentine est l'un des grands producteurs mondiaux à bénéficier d'un ajustement en hausse des perspectives de mai, sa récolte étant estimée ce mois-ci à 14 Mt soit 1,2 Mt de plus qu'estimé en mai. Les prévisions pour les autres grands pays producteurs (Etats-Unis, Canada, Australie, Chine, ..) n'ont pas été sensiblement modifiées, l'U.E étant pour sa part créditée de 127,3 Mt et d'un potentiel d'exportation de 12 Mt. La réaction du marché à ces annonces a été brutale sur les marchés à terme américains et européens (voir Chicago en page 5) et le marché physique les cours ont pris 5 euros de hausse à 167-168 euros rendu Rouen, coté ce mardi matin.
Bien que les prévisions de production et de stock mondiaux de maïs aient été revues en hausse respectivement de l’ordre de 1 Mt, le maïs s’inscrit dans le sillage haussier général. Quant à l’orge, déjà très fortement orientée en raison des besoins de l’Arabie Saoudite et du Maroc en particulier, mais aussi de la carence ukrainienne, elle s’est engouffrée d'autant plus volontiers dans la hausse, que son marché était le plus tendu ces dernières se-maines. Ce mardi matin, ses cours dépassaient ceux du blé à 170 euros la tonne, rendu Rouen.
Il faut maintenant un temps de réflexion pour procéder à une analyse plus fine de la situation des marchés après leur réaction à chaud. Mais la physionomie de la prochaine campagne se dessine nettement.