Blé : le grand retour de la Russie
En enlevant le nouvel appel d’offre de l’Égypte pour 240 000 t de blé, avec un prix de 172 $ environ, la Russie a confirmé la dynamique retrouvée de ses ventes sur le marché international après ses récents problèmes logistiques. La France, qui avait pu s’intercaler depuis le début de l’année entre les exportateurs russes et américains, voire les contrer, s’est donc cette fois encore révélée non compétitive face à la Russie. Le dernier conseil spécialisé céréales de l’ONIGC soulignait le gros potentiel exportable de la Russie en matière de blé, cette campagne, l’objectif fixé par les autorités russes étant de 15 Mt, dont 11 déjà engagées. L’Égypte, la Turquie, l’Iran, et la Jordanie figurent dans les cibles visées par les exportateurs russes, favorisées par la dépréciation de leur monnaie face au panier euro-dollar. Les succès remportés par le blé russe sur le marché international ne sont pas affaires d’opportunité mais relèvent d’une stratégie. Ainsi, des pourparlers ont été engagés avec le Brésil, pour profiter de la défection partielle de l’Argentine, fournisseur privilégié du Brésil habituellement, concernant la fourniture de 2 Mt de blé russe par an. A l’intérieur, la Russie renforce l’organisation de son marché afin de disposer des réserves nécessaires pour assumer régulièrement cette vocation exportatrice tout en garantissant ses approvisionnements domestiques et les prix aux producteurs. A la mi-février, les achats de céréales à l’intervention atteignaient 7 Mt dont 5,6 de blé. L’ONIGC note cependant que la constitution de ce stock est limitée par les capacités actuelles de stockage et par l’écoulement possible sur le marché intérieur, le cheptel russe nayant pas été reconstitué depuis les années 1990. Au moment où la mode est, dans l’UE à la déréglementation des marchés, l’exemple russe mérite d’être médité.