Blé : exportation contre grippe aviaire
Le Comité de gestion céréales qui se réunit à Bruxelles à l'heure où nous bouclons ce journal (ses décisions seront commentées dans notre rubrique grandes cultures, demain) fera-t-il un geste en faveur des exportations à partir du marché libre après avoir, pendant trois semaines consécutives, suspendu toute attribution de restitutions pour le blé et pour l'orge ? Le Comité permanent de l'Onic, réuni mercredi, souhaiterait vivement qu'il en soit ainsi et que Bruxelles redonne un petit coup de pouce avec des restitutions fussent-elles modiques, pour permettre aux blés communautaires et particulièrement français, de bénéficier du courant porteur dont bénéficie pour le moment le marché d'exportation.
Certes, le blé français peut actuellement sortir sans restitution dans un contexte de prix mondiaux élevés et les récentes affaires sur l'Égypte et la Tunisie ont fait la démonstration de sa compétitivité retrouvée, en particulier vers les destinations du bassin Méditerranéen. Les prix du blé français se placent aujourd'hui nettement en deçà des cours américains et peuvent défendre leur position par rapport aux blés argentins et australiens tandis que l'origine mer Noire a continué à se raffermir et surtout, que les exportations à partir de cette zone se trouvent bloquées par des problèmes logistiques imputables aux grands froids. L'orientation très positive des cours mondiaux tient d'ailleurs, en partie, à l'absence de concurrence de l'origine mer Noire. Mais celle-ci reviendra dans quelques semaines avec la fonte des glaces.
Les sorties de blé ont pris du retard
Le contexte est donc favorable à l'exportation de blé et si l'on comprend que depuis trois semaines Bruxelles ait choisi de dégager les stocks d'intervention au détriment du marché libre, il lui faut aussi tenir compte que tout ce qui pourra être sorti à partir du marché ne viendra pas s'ajouter aux stocks d'intervention. Ce serait une solution moins coûteuse et plus gratifiante.
Les sorties effectives de blé ont pris du retard mais les chargements s'accélèrent et l'Onic espère bien que l'objectif de 6,2 Mt sera réalisé. En tout cas, elle l'a maintenu et si son bilan prévisionnel pour les ventes à l'UE a été rehaussé de 100 000 tonnes, cette révision ne fait que compenser la baisse équivalente des utilisations par les fabricants d'aliments du bétail. Jusqu'où la grippe aviaire fera-t-elle baisser des fabrications d'aliments et par voie de conséquence, les utilisations de céréales par cette industrie ?
L'Onic constate qu'un chiffrage, même approximatif est encore impossible et que pour éviter un gonflement excessif du stock de report, le recours à l'exportation reste la meilleure, voire la seule solution.