Bisphénol A : « C'est une atteinte à la compétitivité »
Vincent Truelle, directeur de la Fiac (Fédération française des industries d'aliments conservés).
Les Marchés Hebdo : Dès janvier 2015, la loi française interdira le bisphénol A (Bpa) au contact avec les aliments. Les industriels sont-ils prêts ?
Vincent Truelle : Cela fait plus de trois ans que la filière y travaille. Nous avons des substituts pour la grande majorité des produits. Nous avons travaillé collectivement en mettant en commun les résultats des tests, afin de gagner du temps et de l'argent. Nous n'avons eu que deux ans pour tester les vernis, alors que la durée de vie d'une conserve est en moyenne de quatre ans. Cela a contraint certains industriels, par mesure de précaution, a diminué la DLUO d'environ un an. Et ces nouveaux emballages, fabriqués en petites séries, coûtent également plus cher.
LMH : Si l'Efsa émet un avis de non dangerosité du Bpa à la fin de l'année, allez-vous contester la loi ?
V. T. : Si l'Autorité européenne confirme son avis provisoire de non dangerosité aux niveaux d'exposition actuels, il n'y aura pas de loi européenne. Même si nous pensons que ce n'est pas cohérent d'avoir voté une loi en France avant d'avoir l'avis des experts, nous n'allons pas la contester. Nous devrons également fabriquer sans Bpa pour l'export. C'est une atteinte à la compétitivité de nos entreprises ! Du côté des industriels qui exportent vers la France, quelques uns vont abandonner le marché français, d'autres risquent de contester la loi pour entrave aux échanges.