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Biocarburants : la Fnsea veut plus d’engagements

ÉVOLUTION DES AGRÉMENTS BIOCARBURANTS

Un an après la table ronde sur les biocarburants du 21 novembre 2005 où siégeaient les ministres de l'Agriculture et de l'Industrie ainsi que des représentants du monde agricole, de l'automobile et des pétroliers, les grandes déclarations d'intentions ont toujours du mal à se transformer en actes, estime le syndicalisme agricole majoritaire. À l'occasion d'une réunion de suivi qui se tenait hier rue de Varenne, la FNSEA a réclamé « un certain nombre d'engagements clairs » pour enfin faire décoller le marché. Le syndicat agricole regrette la frilosité des pouvoirs publics et des firmes pétrolières, qui tardent à fournir les bases réglementaires et les essences adaptées à l'incorporation de biocarburants.

L’objectif communautaire de 5,75 % d’incorporation fixé à 2010, que le Premier ministre a ramené à 2008 pour la France, pourrait bientôt se heurter à la législation qui limite aujourd’hui l’incorporation à 5 %. « Nous attendons que le ministre de l’Économie Thierry Breton débloque cette situation » a expliqué le vice-président de la FNSEA Xavier Beulin mercredi, en amont de la réunion au ministère de l’Agriculture. Un blocage majeur persiste aussi sur la fourniture d’essence à faible volatilité, nécessaire pour l’ajout de bioéthanol.

Les grandes firmes pétrolières traînent des pieds depuis plusieurs mois en avançant des arguments économiques. À l’inverse, les distributeurs indépendants (comme Leclerc) jouent plus le jeu en passant des contrats avec des fournisseurs plus réactifs. « Nous demandons au pouvoir politique de garder le cap des objectifs annoncés. Avoir un peu d’indépendance énergétique dans le pays c’est une question politique » a expliqué le président de la FNSEA Jean-Michel Lemétayer, qui s’avoue également surpris de « lire des articles dans la presse qui sont loin de faire la promotion des biocarburants », sur laquelle son syndicat s’est engagé.

Pour contourner les lenteurs de la mise en œuvre du bioéthanol (incorporé dans l’essence), le gouvernement a récemment fait la promotion de l’E85 au travers du plan Flex-Fuel, qui nécessite 85 % d’éthanol et donc seulement 15 % de diesel standard. La FNSEA, qui souhaite conserver à la fois le plan Villepin (objectif d’incorporation de 7 % en 2010, 10 % en 2015) et le plan Flex-Fuel, vise dans le même temps un palier intermédiaire avec la généralisation du biodiesel à 30 %. Xavier Beulin, par ailleurs président de Sofiprotéol, indiquait dans ce sens que le groupe PSA (Peugeot Citroën) et Renault étaient en train « d’homologuer leurs véhicules pour 30 % de biodiesel », obtenu à partir d’huiles végétales.

Ce désir de sécuriser les véhicules vis-à-vis des changements de carburants est également perceptible dans l’approche opérée sur les circuits courts, sur lesquels la FNSEA prône le principe de précaution, tout en étant favorable à l’utilisation directe des huiles issues de presses. En dehors des aspects techniques dont la résolution prend du retard, le dossier des carburants empiète le terrain de la coexistence entre cultures alimentaires et non alimentaires, qui entraîne un vif débat dans le monde agricole. « Le directeur de l’agence européenne de l’énergie a eu des propos inacceptables en proposant d’aller chercher de l’éthanol au Brésil. Nous avons déjà fait la même erreur pour les protéines » a expliqué Jean Michel Lemétayer. « Nous sommes d’abord des producteurs, pour alimenter les populations, avec une carte à jouer en non alimentaire ».

Pour que cette carte soit un atout, reste maintenant à ce que les multiples freins se desserrent à tous les niveaux. À l’heure ou nous mettions sous presse, M. Bussereau venait d’annoncer une petite avancée avant même la table ronde, en autorisant les expérimentations d’huiles végétales pures pour les communes (lire ci-dessous).

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