Biocarburant : la filière nie l’effet inflation
«L’alimentaire et le non alimentaire sont complémentaires. On aura besoin de toutes les agricultures pour demain », a soutenu hier Xavier Beulin, président de la filière des huiles et protéines végétales Proléa, lors d’un point presse en prélude au sommet du G8 consacré la semaine prochaine à l’Environnement. Différents intervenants ont contesté le lien avec le renchérissement des matières premières agricoles.
« Les biocarburants représentent le coupable idéal », a estimé Philippe Tillous-Borde, DG de Sofiprotéol. Pour lui, la spéculation joue un rôle important dans la flambée actuelle des prix. « A Chicago, les échanges atteignent 20 à 30 fois la récolte annuelle, a-t-il expliqué. Ça a doublé par rapport au passé. Lors des six derniers mois, les volumes ont même grimpé de 60%. » L’argument a toutefois été relativisé par Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes. « Je ne crois pas beaucoup à l’impact des marchés financiers, a-t-il déclaré. C’est comme l’écume au sommet de la vague. Les prix des matières premières resteront durablement élevés. Ils sont soutenus par une demande très forte. Les biocarburants ne jouent pas un rôle majeur dans l’inflation. Leur poids est de seulement 100 millions de tonnes de céréales prélevées sur une production mondiale de 2,1 milliards. » Philippe Tillous-Borde a confirmé les ambitions de développement de la filière. « L’objectif n’est pas quantitatif sur les biocarburants de première génération, a-t-il précisé. C’est de progresser sur les critères de durabilité. En parallèle, nous sommes prêts à lancer la deuxième génération, qui nécessite quelque 120 millions d’euros d’investissement. Le procédé devrait être au point en 2015. Il faut réussir la première génération pour arriver à la deuxième et être crédible sur les 10% d’incorporation prévus en 2020. »
Polémique
Les représentants de la filière ont voulu justifier l’intérêt environnemental des biocarburants, un sujet devenu polémique. Selon la méthode dite d’allocation massique, le diester restitue 3,7 fois plus d’énergie que ce qui est utilisé pour sa production. A court terme, l’objectif est d’obtenir un bilan égal à 5, c’est-à-dire qu’il suffira d’une tonne d’énergie fossile pour fabriquer 5 tonnes d’énergie renouvelable diester. Par ailleurs, ce produit contribue à nourrir les animaux d’élevage et à diminuer les importations de soja. 1 litre de diester, c’est 1,5 kg de tourteau de colza.