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Biocarburant : Cristanol rompt le silence

Michel Mangion, le directeur d'établissement

Alors que le débat entre partisans et détracteurs des biocarburants se durcit à la faveur de l’envolée du prix des matières premières, Cristanol Cristanol est une société constituée entre le groupe coopératif Cristal-Union et 27 coopératives céréalières fédérées par Champagne Céréales. Elle s’est spécialisée dans la production d’alcools alimentaires et non alimentaires. vient de décider de rompre un très long silence instauré par les industriels français et de communiquer « sur la réalité de ses propres bilans énergétiques ». Le débat est complexe et « il est évident que certains organismes internationaux en profitent pour se dédouaner de situations délicates », a précisé d’entrée de jeu Daniel Collard, président de Cristal-Union, lors d’une visite organisée le 20 mai à Bazancourt (51).

Le 13 février, à l’INRA d’Estrées-Mons, le ministre de l’Agriculture incitait la profession agricole à défendre ses positions. Mais les industriels restaient sur leurs réserves. L’usine de Lillebonne, en activité depuis un an, n’a toujours pas été ouverte à la presse et Tereos demeure discret sur les difficultés survenues durant les premiers mois de fonctionnement de ses lignes de production d’éthanol à partir de blé. Jugeant le moment opportun, Cristanol a levé le couvercle et invité à visiter ce que Daniel Collard considère comme « l’un des plus beaux et des plus performants sites de production d’éthanol construit à ce jour ».

Un investissement de 270 M d’euros

L’usine Cristanol est implantée à Bazancourt (51) dans cette « bioraffinerie du végétal » qui compte la sucrerie de Bazancourt, la glucoserie Chamtor ainsi que le centre de recherche ARD sur un peu plus de 220 ha. Autant d’outils industriels qui font de cet espace l’un des centres les plus importants d’Europe consacré aux biotechnologies. En 1998 alors que le marché de l’alcool était totalement effondré, Cristal Union avait le choix : soit abandonner la production d’alcool, soit passer la surmultipliée. C’est la deuxième solution qui fut choisie. Le groupe lançait la rénovation de sa distillerie d’Arcis-sur-Aube (85 M€ d’investissements pour 1,5 Mhl d’éthanol) et décidait la création de Cristanol I et II pour la production de bioéthanol à partir de betteraves et de blés. Le nouvel investissement dépasse les 270 M€ pour une production de 3,5 millions d’hectolitres par an et un CA annuel évalué à 200M€.

La ligne betteraves est déjà en fonctionnement (Cristanol I). Quant à celle de blé (Cristanol II), « les engagements seront respectés ; nous sommes dans les plannings et son démarrage est prévu entre le 1 er décembre 2008 et le 1 er février 2009 » , précise Alain Commissaire, directeur général de Cristal-Union. C’est l’un des atouts du projet : pouvoir produire de l’éthanol sur un même site à partir de la betterave ou du blé pour des débouchés alimentaires (alcools de bouche ou industriels) ou non alimentaires (bioéthanol). Alain Commissaire met en avant sa flexibilité, fruit de la recherche interne de Cristal Union : « nous pouvons aller jusqu’à une flexibilité de 20 % pour substituer betteraves et blé en fonction des marchés », ajoute-t-il. Tous les efforts actuels entrepris visent à « nous affranchir de l’utilisation de l’énergie fossile en utilisant la biomasse produite et de baisser au maximum tous nos ratios ». C’est ainsi qu’une centrale d’énergie valorisant les coproduits par la méthanisation et la gazéification devrait aboutir d’ici deux à trois ans (70 millions d’euros d’investissements).

Le groupe s’est bien évidemment appuyé sur le centre de recherche ARD, mais il est le maître d’œuvre et maître d’ouvrage de cet immense projet. « Ce qui peut nous permettre de vendre notre savoir-faire à travers le monde », explique Alain Commissaire qui ne peut s’empêcher de souligner le formidable décalage entre les débats actuels et la réalité industrielle. « Cristanol vient d’être consulté par le gouvernement malien pour la construction de deux usines », note le directeur général. Des usines se montent partout en Europe : deux en Belgique (BioWanze de Südsucker implantée entre Liège et Namur) et Gand (groupe Aveve). L’usine Roquette de Beinheim est sur le point de démarrer…

Un troisième site au sud de Paris ?

Cristanol est également en discussion avec le groupe Soufflet qui avait projeté la construction d’une unité de production dans l’Aube (Le Mériot) et qui pourrait venir renforcer les capacités d’Arcis-sur-Aube. En cas d’échec, Cristanol pourrait néanmoins envisager la construction d’un troisième site au sud de Paris (Corbeil-en-Gâtinais).

« Les producteurs français ont produit 700 000 tonnes d’éthanol en 2008 et ils n’ont aucune difficulté à approvisionner le marché ! », précise Alain Commissaire qui pointe du doigt les enjeux futurs : continuer à produire de l’éthanol à partir d’ETBE et respecter le mélange à 7 % ou alors dépasser ce chiffre pour atteindre au plus vite les 10 % ! « Nous sommes aujourd’hui à un moment capital où de vraies décisions doivent être prises », poursuit-il. La poursuite de la production d’éthanol à partir d’ETBE en conservant un mélange à 7 % ou le choix d’un mélange direct à 10 % fait partie des décisions que les pouvoirs publics devront prendre en 2009… avec en toile de fond une réelle modification d’une fiscalité française de moins en moins adaptée à ce nouveau contexte et qui devrait mieux favoriser la production d’essence plutôt que celle du diesel.

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