Bio et local : bilan positif du projet de Corabio

> Corabio : une démarche qui couvre 1 000 repas/jour pour 20 000 salariés.
Introduire 20 % de produits bios locaux dans les achats alimentaires des restaurants d'entreprise de la région Rhône-Alpes en trois ans : voilà l'ambition du projet « Manger bio et local en entreprise » (MBLE). Développé par Corabio, le réseau de coordination de la filière bio en Rhône-Alpes, avec le soutien de la région Rhône-Alpes, de la Draaf Rhône-Alpes et du Syndicat national de la restauration collective (SNRC), cette initiative a débuté en 2011.
Trois ans après son lancement, la démarche concerne treize grandes entreprises – parmi lesquelles le CEA Grenoble, ST Microelectronics, Schneider Eletric, Somfy, La Poste, Orange, IFP Énergies nouvelles, Groupe Casino et Thalès – pour dix-sept restaurants d'entreprise et huit sociétés de restauration – Elior, SHCB, Sodexo, R2C, Sogeres, Api, Eurest et Mille et un repas. Au total, cela représente quelque 1000 repas par jour pour 20 000 salariés.
Le premier bilan de l'opération est très positif et encourageant, au dire de Corabio. Certains restaurants sont au-delà des 20 % de bio local. « Les résultats démontrent également que les entreprises ont réussi à instaurer un approvisionnement bio local avec les sociétés de restauration collective, initialement peu motrices dans les introductions de produits bios et locaux en restauration scolaire », explique Mathilde Azzano, chef de projet au sein de Corabio. Par ailleurs, une méthodologie de travail a pu être instaurée et fera l'objet d'une publication pour aider toutes les entreprises qui voudraient s'inscrire dans cette démarche.
Depuis janvier 2015, tous les restaurants scolaires de la ville de Grenoble ont déjà atteint le taux de 50 % de produits bios et locaux. Comment ? Grâce à la volonté du nouveau maire EELV, Éric Piolle. Cet élu aux méthodes plutôt radicales – baisse du salaire des élus de 25 %, interdiction de la publicité urbaine ou encore pose de cen-driers urbains pour recycler les mégots – avait promis durant sa campagne que les cantines scolaires atteindraient le taux de 100 % de bio local avant la fin de son mandat. L'objectif n'est pas encore atteint mais en bonne voie. Il y a encore un an, le taux était à peine de 20 %. La municipalité espère réaliser son objectif dès l'année prochaine.
De nombreuses autres conséquences positives du projet ont émergé en parallèle : meilleure prise en compte de la saisonnalité des produits ; augmentation du nombre de référencements bios ; développement de l'utilisation de produits bruts et frais…
800 000 euros pour la filière bio en 2014Mais le vrai succès du projet, c'est le développement économique de la filière bio en Rhône-Alpes. Il y a trois ans, la filière bio pour la restauration d'entreprise n'était pas structurée. Aujourd'hui, les agriculteurs sont fédérés autour de plateformes qui centralisent les matières premières, les commandes et les livraisons. Pour l'année 2014, le projet MBLE représente plus de 800 000 euros de produits bios consommés. Lorsque l'ensemble des dix-sept restaurants d'entreprise auront atteint le taux de 20 %, ces achats représenteront plus de 1,5 million d'euros hors taxe.
À titre d'exemple, l'Association Rhône et Loire a créé la plateforme Bio à pro qui réalise 23 % de son chiffre d'affaires (1,2 M€) grâce à la restauration d'entreprise. Ce segment est également formateur pour les opérateurs du bio. Ils ont dû s'adapter aux exigences des sociétés de restauration en termes de normes d'hygiène, de fiches techniques de produit, de référen-cements… Ce qui leur a permis de gagner en compétence, mais aussi, pour certains, d'être une référence auprès des sociétés de restauration collective au niveau national.
Tous les résultats de cette démarche fructueuse seront présentés le 16 juin prochain au siège de la région Rhône-Alpes à Lyon.