Bilan d'étape pour Eurogerm avant d'accélérer
« Eurogerm demain, c'est déjà aujourd'hui ». On pouvait entendre cette petite phrase, en guise de slogan, le 20 juin dernier à Saint-Apollinaire, proche de Dijon à l'occasion des vingt-cinq ans de la PME bourguignonne. Le leader français des ingrédients et auxiliaires technologiques pour les filières blé, farine, pain avait rassemblé pour l'occasion plus de 300 personnes en son siège : officiels, fournisseurs, clients, utilisateurs… Une « grand-messe » à un moment clé de l'entreprise alors que Mobago, sa société mère, vient de faire évoluer son capital, avec la sortie des partenaires financiers Cathay Capital et Crédit agricole régions investissement remplacés par Unigrains. Un changement qui devrait permettre à l'industriel d'accélérer son développement dans les années à venir. En 25 ans, l'entreprise qui réalise aujourd'hui 66,2 millions d'euros ” de chiffre d'affaires et emploie 227 salariés, a déjà parcouru du chemin. Son fondateur et président, Jean-Philippe Girard, est parti de rien, mais avec beaucoup de rêves en tête : « Je n'avais pas de matière première, pas de clients, pas de local, pas de bureau, mais j'ai façonné ma première baguette et levé mon premier sac de farine lorsque j'étais enfant. Je savais exactement ce que je voulais faire de mon entreprise », a-t-il lancé à la tribune.
500 blés et farines analysés par mois
Au fil des années, Eurogerm a développé plusieurs terrains d'expertise. Pour la meunerie, l'entreprise analyse près de 500 blés et farines par mois. En période de récolte, Eurogerm publie une étude des blés qui aide la filière à établir une bonne stratégie d'achat. Dans le domaine des ingrédients, le sourcing, la maîtrise, la conception et l'assemblage sont au cœur du savoir-faire de l'entreprise. Une base de données de plus de 2 000 formulations mélanges, élaborée en 25 ans d'expérience, confère à l'entreprise une expertise précieuse sur le marché.
Côté boulangerie, plus de 1500 tests de panification sont réalisés chaque mois dans le centre d'essais. Le laboratoire d'analyses sensorielles intégré d'Eurogerm complète le travail en établissant le profil de plus de 100 produits de panification, de viennoiserie et de brioche par mois. Il réalise aussi de la veille technologique des marchés internationaux. En analysant et comparant pratiquement tous les pains industriels de la planète, l'entreprise est capable d'établir les grandes tendances du marché à l'échelle d'un continent. Enfin, le groupe exerce une expertise technique sur le terrain. Les techniciens et scientifiques d'Eurogerm se déplacent sur les sites de production des clients pour les accompagner dans leurs démarches.
54,6 % du chiffre d'affaires à l'export
Mais Eurogerm se déploie aujourd'hui surtout à l'export. L'entreprise a fait ses premiers pas à l'international en 1999 avec la création d'Eurogerm Algérie, puis en 2002 au Sénégal. 2004, 2005 et 2006 voient la création de filiales au Mexique, en Espagne et au Pérou. 2007 constitue une année charnière puisque Eurogerm entre en Bourse. La valorisation de l'entreprise sur la cote Alternext lui permet de se développer un peu plus à l'international (acquisition de Leag en Espagne en 2007), et de s'étendre à des activités connexes et complémentaires avec des prises de participation. En 2008, Eurogerm entre au capital de IDS Condipoudre, spécialisé dans les petits conditionnements de 1 gramme à 1 kilogramme, et de Gustalis qui deviendra Créalim, spécialisé dans la formulation à façon d'avant-produits de pâtisserie et produits traiteur (crème pâtissière, garniture sucrée, génoise, béchamel).
Développement aux États-Unis
Au vu du succès de cette double stratégie de diversification et d'internationalisation, le groupe ne relâche pas ses efforts d'investissement. En mars 2013, Eurogerm a créé Tartin'Art, un concept de restaurant rapide, implanté à Dijon. Véritable vitrine du savoir-faire d'Eurogerm, l'établissement lui permet de tester en conditions réelles ses innovations produits ou celles de ses clients. Côté international, le groupe s'est encore développé au Maroc, au Brésil, à Shanghai, en Afrique du Sud et aux États-Unis où sa position vient de se renforcer avec la prise de participation Problend Ingrédient à hauteur de 70 %, le 16 juin dernier.
L'an dernier, Eurogerm a vu son chiffre d'affaires gagner 10,5 %. La croissance s'avère plus prononcée à l'export (+14,7 %) qu'en France (+5,9 %). Dans son rapport d'activités, la PME souligne une forte dynamique en Afrique et sur les continents américains, mais un développement en Chine moins rapide qu'escompté. Par activité, l'entreprise bourgui-gnonne annonce des progressions variées : +10,9 % pour les amélio-rants de panification et prémix, +16,6 % pour les ingrédients, concepts, avant-produits de pâtisserie, mais - 1,4 % pour les correc” teurs de meunerie et prémix. Le groupe a investi 2,1 millions d'euros en 2013 (dont 800 000 euros liés au lancement du concept Tartin'Art). Il a aussi injecté 1 % de son chiffre d'affaires dans les frais de recherche et développement.
1 % du chiffre d'affaires est injecté dans les frais R&D
Pour les années à venir, Jean-Philippe Girard en dit assez peu sur sa stratégie de croissance. L'entreprise étant cotée, toutes communications sur des investissements stratégiques restent très encadrées. Le rapport d'activités d'Eurogerm évoque des difficultés dans les secteurs de la meunerie et de la panification et la concentration des intervenants sur les secteurs de la meunerie et de la panification.
Dans son discours anniversaire le président a tenu à souligner que « si le succès de l'entreprise est au rendez-vous, c'est aussi grâce aux salariés. Ainsi, si en 25 ans, nous avons pu bâtir un groupe qui pèse 66,2 millions d'euros, implanté dans dix pays et coté en Bourse, l'entreprise a également été le témoin de plus de 300 naissances de ses collaborateurs en un quart de siècle ». Et de conclure : « 25 ans n'est qu'une étape, gardons le cap et poursuivons nos efforts d'innovation et d'exigence tout en continuant à être différent. »
Consommé par 98 % des Français, le pain est un marqueur économique fort de l'Hexagone. C'est aussi l'un des symboles de la gastronomie tricolore. Pourtant les profils des consommateurs et les modes de consommation évoluent. Ainsi, la consommation de pain est en baisse constante depuis le début du XXe siècle. Alors que dans les années 1900, il constituait la base de notre alimentation avec près de 900 g consommés en moyenne par jour et par Français, sa consommation quotidienne est passée à 160 g/hab. Et la tendance ne devrait pas s'inverser dans les années qui viennent. Les experts du secteur notent plusieurs phénomènes conjoncturels défavorables : la consommation de pain ne se fait plus sur trois repas et seulement 10 % en consomme à chaque repas ; les jeunes boudent ce produit au bénéfice de la pâtisserie et viennoiserie industrielles. L'Observatoire du Pain notait dans une étude de 2011, que les enfants étaient passés à 48,8 g/j (vs 66,8 g/j en 2003) et les adolescents à 89,1 g/j (vs 110,6 g/j).
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