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Société
Bien-être animal : les progrès concrets des filières

Majeures ou modestes, toutes les filières animales se préoccupent du bien-être de leurs animaux de rente. Les initiatives pour le mesurer et le favoriser foisonnent, d’après les exemples présentés lors d’un colloque les 2 et 3 juillet à Strasbourg.

Instituts techniques, établissements publics, sociétés de services : ils sont très nombreux à se pencher sur le bien-être animal sous toutes ses formes. Les travées de l’hémicycle du conseil régional à Strasbourg étaient bien garnies les 2 et 3 juillet à l’occasion du colloque du Réseau mixte technologique (RMT) intitulé « bien-être animal : des valeurs à partager ». « Depuis deux à trois ans, le regard des éleveurs et des techniciens a changé. Le bien-être animal suscite désormais un gros intérêt dans la filière », rapporte Yannick Ramonet, du pôle porc de la chambre d’agriculture de Bretagne. Il faut dire que la chose est de mieux en mieux appréhendée. Caméras, capteurs et enregistreurs permettent de détecter l’emploi du temps et le comportement d’un animal durant sa journée.

Observer l’inconfort des vaches pour créer du confort

« Il faut observer l’inconfort des vaches pour créer du confort », constate Alexandre Batia, de Rhône Conseil élevage, citant l’exemple du phénomène de tri de la ration par les vaches qui les conduit à exercer une trop forte pression sur leurs aplombs afin d’atteindre la nourriture éloignée de l’auge. Verdict ? À l’éleveur de repenser la distribution et la repousse de ses fourrages ! Dans la foulée, les données recueillies servent à construire des indicateurs, des audits et des grilles qui posent un diagnostic sur le niveau de bien-être animal dans un élevage comme à l’abattoir.

Cellules de prévention de la maltraitance animale

Dans les trois quarts des départements, des cellules de prévention de la maltraitance animale sont désormais fonctionnelles. Elles se basent sur des critères comme le taux de mortalité ou l’intervalle vêlage-vêlage pour déclencher l’alerte. La prochaine étape est d’identifier les trajectoires qui conduisent à ces situations.

Des pistes prometteuses sont dégagées. Servir un aliment plus riche en fibres qui augmente le temps passé à manger et enrichir l’environnement avec du matériel de jeu peut faire envisager l’élevage au sol de pondeuses au bec non épointé sans trop de dérapages par picage. En élevage de porcs bios, l’apport de luzerne apaise les tensions à l’auge.

En conventionnel, permettre aux jeunes porcelets de faire connaissance de leurs congénères en ouvrant les cases à la maternité cinq jours après leur naissance permet de créer des groupes sociaux au sein desquels les combats de hiérarchisation en lots d’engraissement sont minimes jusqu’à l’abattage. Dans le même temps, le GMQ s’améliore d’un kilogramme, quinze jours après sevrage.

Les bonnes questions pour concevoir un abattoir

En revanche, les techniciens sèchent toujours sur la meilleure manière (hors contention) de limiter la perte de porcelets par écrasement si la truie est laissée libre de ses mouvements en maternité. De son côté, le projet Bouv’Innov de l’Institut de l’élevage a défini une méthodologie sur les bonnes questions à se poser avant de concevoir ou de rénover un abattoir. Une page Web (www.bouvinnov.fr) précisant les enseignements tirés de cette démarche sera accessible à partir de fin juillet 2019.

Quant à l’interprofession bovine Interbev, elle n’a pas fini ses travaux sur le transport, l’équipement des centres d’allotement, les conditions d’abattage dont le matériel d’étourdissement.

Accès à l’extérieur et absence de contention

Ce déploiement d’énergies a le mérite de modérer la pression exercée sur les modes d’élevage par les organisations welfaristes de défense des animaux. « La concertation pour chercher ensemble des solutions innovantes et consensuelles sur des zones qui font accord est ouverte. Ce dialogue réussit si l’ouverture, la confiance et la transparence sont réciproques », signale Aurélia Warin, éthologue du bureau Bankiva. Dans un tel cadre, l’interprofession caprine Anicap a trouvé un terrain d’entente sur l’accès au pâturage.

En bovins viandes, le refus de l’abattage sans étourdissement est partagé par tous les participants autour de la table. En revanche, le système des vaches à l’attache, notamment en montagne, même défendu par la filière bio française, ne fait pas l’unanimité. L’Union européenne compte mettre fin à la tolérance en 2021. Avec le risque de faire péricliter une activité économique et de voir le paysage se fermer…

Et le consommateur ? Comment perçoit-il le bien-être animal ? Accès à l’extérieur et absence de contention sont ses demandes majeures. « Les attentes d’informations quant au mode d’élevage sont principalement fortes sur la viande et les produits laitiers », enchaîne Elora Gendre du Conseil national de l’alimentation (CNA). Le défi est cependant d’avoir un étiquetage suffisamment clair alors que l’existant est souvent mal interprété. La moitié des 3 732 personnes interrogées se dit prête à payer ces produits plus cher.

Une enquête du LIT Territoires d'élevage (Ouestrel) précise que ce public est plutôt féminin et retraité. Des acteurs de terrain ont déjà tranché. En 2019, le groupe Avril avait reconverti 1 million de pondeuses de la cage vers le sol ou le plein air. La totalité de ses élevages auront abandonné la cage d’ici à 2025.

Natur’Al, un poulailler alternatif d’un nouveau modèle

D’ici à fin 2019, les 14 000 à 17 000 poulets Natur’Al abattus chaque semaine par Volailles René Meyer à Wingersheim (Bas-Rhin) proviendront de bâtiments de 400 m2 à lumière naturelle, avec perchoirs, jardin d’hiver et parcours extérieur. « Le concept du poulailler clos éclairé artificiellement ne convient plus au marché », déclare le PDG Pierre Meyer. « Ici, ils bougent davantage. Il y a un impact sur la musculature et la qualité de la viande ». Ce modèle à 56 jours d’élevage minimum pour des poids vifs de 2 à 2,3 kg se veut à mi-chemin entre l’intensif à 46 jours et le label Rouge à 81 jours. Son « rapport qualité/prix haut de gamme » se veut « accessible à une grande majorité de consommateurs. Un surcroît d’explications a déjà permis de répercuter une partie du surcoût en grande distribution, auprès des collectivités et des boucheries de détail ».

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