Beaujolais primeur : derrière le folklore, l’efficacité
Demain, jeudi 16 novembre, le troisième du mois, à 0 heure, les vannes s’ouvriront et quelque 400 000 hectolitres de Beaujolais Primeur, plus de 50 millions de bouteilles, vont se déverser sur le marché. De Copenhague à Tokyo, on saluera l’arrivée du Beaujolais nouveau.
Pourtant, le Beaujolais n’est ni le plus étendu, ni le plus prestigieux vignoble français. Mais ses responsables et en particulier son Union interprofessionnelle ont su créer autour du déblocage des beaujolais primeurs un tel environnement médiatique qu’ils en ont fait un petit événement international, chaque année renouvelé. Mais derrière le dynamisme des professionnels du Beaujolais, leur sens des relations publiques, le folklore qui s’est développé autour de ce vin, il y a aussi un produit, un savoir-faire, une expérience du marché. Ce qui explique que si la mode du « primeur » s’est étendue à d’autres vins, les résultats commerciaux et qualitatifs ont souvent déçu les espérances. (…)
La mise en vente quelques semaines après la vendange d’une part importante de la récolte constitue sur le plan commercial une excellente opération de trésorerie qui a beaucoup contribué à susciter des vocations primeuristes dans d’autres régions viticoles et ce avec des résultats inégaux. Pourtant, quelques régions ont assez bien réussi cette expérience : les Côtes du Rhône et la Touraine notamment (100 000 hectolitres approximativement dans les deux cas). D’après les échantillons que nous avons pu déguster, les « Beaujolais » primeurs de cette année sont généralement déjà bien « faits », la pointe de gaz qui accompagne ces vins étant très atténuée. Cette petite infidélité aux caractéristiques primeurs sera largement compensée par la qualité générale du beaujolais que l’on boira tout au long de l’année. Heureusement d’ailleurs car, rompant avec trois années de stabilité, les prix ont brusquement progressé, d’environ 30 % par rapport à l’an dernier.