Barilla investit 47 millions d'euros pour Harrys en France

Devenir le leader du pain in-dustriel en France : voici l'objectif du groupe Barilla pour sa marque Harrys. Concurrencé par la marque Jacquet et les marques de distributeurs, Harrys mise sur l'amélioration de son outil industriel. Pour cela, l'entreprise vient d'inaugurer, en présence du vice-président du groupe Paolo Barilla et de nombreux officiels, une nouvelle ligne de production dans son usine de la Plaine de l'Ain, située à 40 kilomètres de Lyon.
Exclusivement dédiée à son produit phare 100 % mie, un pain de mie carré sans croûte, la nouvelle ligne a nécessité 14 millions d'euros d'investissement et affiche des performances record. « C'est un outil ultramoderne qui dispose d'une capacité de production 50 % plus élevée que nos lignes standard. De plus, elle va nous permettre de générer des économies d'eau, d'émissions de Co2 et de réduire nos déchets », explique Hugues De Beaupuy, le directeur industriel du site. Si l'industriel argumente volontiers sur les particularités de cet investissement, il reste évasif et donne peu de détails chiffrés sur les gains réels de productivité. La réduction des déchets passe par un moindre taux de croûte dans les pains. Au total cette nouvelle ligne devrait permettre de produire 24 millions de paquets par an, avec un objectif intermédiaire de 17 millions de paquets d'ici à la fin de l'année.
100 millions d'euros investis entre 2003 et 2013Cette ligne vient compléter le site de la Plaine de l'Ain déjà composé de trois lignes dédiées aux brioches tranchées, au Pan Goccioli (petit pain brioché vendu en Italie), au Cuor di pane (pain de mie sans croûte vendu en Italie) et au pain de mie traditionnel American Sandwich. Au total, l'usine produit 63 millions de paquets par an, pour un volume de 30 000 tonnes. La nouvelle installation devrait également permettre de créer quarante emplois sur le site. Dix-sept embauches ont déjà été réalisées depuis le début de l'année.
Alors que le groupe Barilla annonce un renforcement de sa position industrielle en France avec un programme de 47millions d'euros d'investissement, son concurrent direct espagnol, le groupe Ebro Foods, a annoncé, le 4 juin, avoir pris le contrôle de la marque napolitaine de pâtes prémium Garofalo, avec 52% du capital pour un montant de 62,5millions d'euros. En France, le groupe espagnol est bien présent avec les marques Panzani et Lustucru, mais le segment des pâtes prémium lui échappe complètement à la faveur de Barilla. Qui sortira vainqueur de cette guerre internationale des pâtes haut de gamme? Difficile à dire, mais il est certain que les pâtes prémium ont le vent en poupe chez les consommateurs. Selon les experts du secteur, le segment serait en progression de 10% par an.
Pour Paolo Barilla, « cette nouvelle ligne de production témoigne que l'Europe se construit aussi par l'industrie. Elle résulte, en effet, d'une collaboration fructueuse entre nos équipes françaises et italiennes, qui ont permis à ce projet de sortir de terre en un temps record : six mois. La culture du groupe Barilla est de toujours disposer d'un outil industriel performant et innovant. Ce qui nous a amené à investir plus de 100 millions d'euros dans notre outil industriel français entre 2003 et 2013. »
Créer le plus grand site de boulangerie en Europe“ L'Europe se construit aussi par l'industrie ”
Et Barilla ne s'arrête pas là. Le groupe lance un plan d'investis-sement industriel d'envergure. Il prévoit d'injecter 47 millions d'euros dans les deux prochaines années, en France (y compris les 14 millions d'euros dans l'usine de la Plaine de l'Ain). 30 millions d'euros seront investis dans le rapprochement des deux sites de Châteauroux.
Le projet vise à créer le plus gros site européen de production de boulangerie industrielle avec une capacité de 80 000 tonnes de produits finis par an. Les travaux devraient débuter en fin d'année pour une mise en service en 2016. Enfin, 3 millions d'euros seront consacrés à la création d'une nou-velle ligne de production sur le site de Valencienne en 2015.
Miloud Benaouda, directeur France de Barilla, laisse échapper qu'elle pourrait être consacrée à un nouveau produit.
Pain de main sans croûte, un segment porteurIl n'en dit pas plus sur sa nature mais affirme «travailler sur plusieurs projets autour de la diversification des usages et de la valorisation de ses coproduits». La dernière grande innovation de rupture qu'a lancée la marque Harrys remonte à dix ans. Il s'agit du pain de mie sans croûte «100% mie», qui représente aujourd'hui 17% des volumes de la marque.
Le segment des pains de mie sans croûte reste très porteur puisque le marché a progressé de +15 % en valeur en 2013. Le groupe Barilla, avec sa marque Harrys, détient 58 % de part de marché. Au-delà du segment des pains de mie sans croûte, l'avenir de la boulan-gerie industrielle semble dorée. En effet, elle ne touche au-jourd'hui que 10 % de la consommation de pain en France et possède donc encore un fort potentiel de croissance.
“ Un travail autour de la diversification des usages ”
” La France tient une place particulière dans le groupe italien. Il s'agit de son deuxième marché après son berceau historique, avec un chiffre d'affaires de 500 millions d'euros en 2013. Le groupe a fait ses premiers pas dans l'Hexagone en 1969 avec l'exportation de ses pâtes, et en 2003, il a renforcé ses positions avec le rachat de la marque Harrys. Il exploite aussi la marque Wasa.
Au total Barilla possède sur le territoire six unités de production, toutes spécialisées dans le pain et les viennoiseries.
Les unités de production tricolores représentent plus d'un tiers des outils de production de Barilla implantés en dehors de l'Italie. L'effectif de Barilla France s'élève à 1 500 personnes dont 1 200 au sein des usines.