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Banques alimentaires : « Nous devons nous améliorer »

Alors que l’inflation connaît un pic de 2,8 % en février, la Fédération française des banques alimentaires connaît un afflux de demande de nouvelles populations précaires. Comment y répondre ? Catherine Lasry-Belin, responsable communication de la FFBA, répond à nos questions.

Les Marchés : En juin 2006, Pierre de Poret, président de la FFBA, s’alarmait du délabrement de l’environnement social et de la hausse des demandes d’aide alimentaire. Quelle est la situation aujourd’hui ?

Catherine Lasry-Belin : On a plus de demandes de distribution de nourriture. Déjà, à ce moment-là, on constatait une évolution des personnes dans la précarité avec l’arrivée de foyers monoparentaux et de seniors. Aujourd’hui, nous avons aussi des travailleurs pauvres : des femmes, le plus souvent, qui ne sont pas à plein temps et gagnent moins de 800 euros par mois. Pour elles, la priorité est de se loger… pour la nourriture, c’est à nous de pallier à leurs besoins.

LM : Ressentez-vous l’impact de la hausse des matières premières dans les dons que vous recevez ?

C. L-B. : Oui. Nous réalisons, au niveau du grand public, une seule grande collecte nationale, en novembre. Cette année, on a enregistré une baisse de 3,5 % des dons, mais on ne doit pas uniquement la mettre sur le dos du pouvoir d’achat. La collecte a eu lieu assez tôt dans le mois, les gens n’avaient pas tous eu leur paie virée sur leur compte. Et l’efficacité de la collecte dépend du dynamisme des bénévoles : dans certains endroits, on a enregistré + 10 %. Troisième donnée : nous sommes la seule association qui travaille sur le PNNS. On essaie d’orienter les dons pour améliorer la distribution. Les gens qui sont dans la précarité peuvent plus facilement s’acheter des pâtes que des conserves de poisson. Cette année, la collecte a été qualitativement un peu meilleure et donc moindre en volume. Pour compenser, nos 3 100 bénévoles actifs toute l’année travaillent beaucoup avec les industries agroalimentaires et la grande distribution.

LM : Cette source de dons progresse pour vous ?

C. L-B. : Les GMS et les IAA nous ont fourni, chacune, 29 % de ce que l’on distribue en 2007. En 2006, c’était 25 % pour les GMS et 28 % pour les IAA. Pour la grande distribution, l’évolution vient du fait que nous faisons de plus en plus de collecte de frais. Les IAA sont très sensibilisées à notre action. Aux assises de l’alimentaire, l’Ania a beaucoup parlé des banques alimentaires. Les IAA nous donnent des produits mal emballés ou des surplus qui n’ont pas été mis sur le marché. Encore qu’elles gèrent de mieux en mieux leurs stocks mais nous sommes de mieux en mieux organisés en plate-forme pour récupérer les produits.

LM : Avez-vous toujours des craintes sur l’évolution de l’aide européenne ?

C. L-B. : Le souci est que le montant reste identique chaque année, alors que le prix des matières premières monte. En 2005, l’aide européenne contribuait à 27,5 % de nos approvisionnements, contre 27 % en 2006 et 23,5 % en 2007. Si ça continue, en 2008 nous aurons encore moins de denrées L’enveloppe est distribuée à des industriels en échange de la fourniture de produits transformés à la Fédération des banques alimentaires.. On s’en sort en récupérant des produits qui coûtent moins cher : du riz à la place des céréales pour petit-déjeuner, par exemple. Mais nous allons vers une évolution de l’aide alimentaire en Europe. On fait beaucoup de lobbying au niveau des députés européens pour qu’ils maintiennent l’aide aux personnes dans la précarité.

LM : Conclusion : c’est pour vous de plus en plus dur d’avoir des produits. Dans ce contexte, le souci de la diversification alimentaire ne passe-t-il pas au second plan ?

C. L-B. : Il faut avoir de l’imagination. Nous n’abandonnons pas la diversification alimentaire, elle est indispensable. Les gens qui sont dans la précarité sont plus fragiles que les autres, il faut les aider à se nourrir mieux. La récupération de produits frais auprès de la grande distribution est le nerf de la guerre.

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