Balance commerciale
Lors de la présentation, mercredi dernier, de « l’Apéritif à la française », qui célèbre et soutient chaque année nos performances agroalimentaires à l’exportation, nous ne pouvions nous empêcher de penser à notre récent voyage en Inde, avec une équipe de journalistes agricoles emmenée par l’AFJA. Car si les produits de l’agriculture française, les vins et spiritueux, les fromages et les charcuteries, les fruits et les céréales, connaissent de beaux succès à l’export, ils tardent à s’implanter dans ce pays-continent qui devance la Chine par sa croissance et bientôt par sa population. Nos exportations agricoles et alimentaires vers l’Inde dépassent à peine les 300 millions d’euros, une goutte d’eau pour un marché de 1,1 milliard d’habitants. Notre commerce avec ce pays est même déficitaire. Cette discrétion ne tient pas seulement à l’apathie commerciale des Français, mais bien à des mesures protectionnistes assumées ou déguisées : taxes exorbitantes sur les vins et alcools étrangers (jusqu’à 240 %), contraintes techniques et administratives et même embargo sanitaire lié à… la présence de la grippe aviaire en France. On croit rêver. Nous y reviendrons dans de prochaines éditions. Mais on comprend d’ores et déjà l’amertume des agriculteurs et industriels français quand ils voient l’Inde rejoindre systématiquement à l’OMC les rangs des ultra-libéraux présumés que sont le Brésil ou la Chine. A l’heure où les négociations à l’OMC semblent vouloir s’accélérer, il serait temps de mettre toutes les subventions et les freins à la concurrence dans la balance. L’Europe n’aurait pas forcément beaucoup à y perdre.