Avec ses desserts, La Bressane affiche des ambitions nationales

2014, marquant les 75 ans de la Laiterie de Bresse, n'aura pas été une très bonne année pour la PME, au dire de son président et actionnaire Thierry Molle. Le spécialiste de la faisselle a vu ses ventes sous marques de distributeurs reculer fortement et même chuter de 25 % sur les références allégées, arrêtées chez deux distributeurs. En parallèle, ses ventes à marque La Bressane ont connu ” une progression à deux chiffres, mais qui n'a pas suffi à compenser les pertes en MDD. Et ce, d'autant plus que la météo n'a pas été des plus favorable à la consommation de faisselle. Résultat : « Nos ventes ont reculé de 3 % en volume, pour un chiffre d'affaires quasiment stable à 16 millions d'euros », souligne Loïc Fanchon, directeur commercial.
Il faut absolument que notre marque progresse
« Les MDD nous plombent pour la quatrième année », commente Thierry Molle. Depuis 2009, la PME aurait vu son chiffre d'affaires reculer de 28%. Dans ce laps de temps, la laiterie a toutefois rééquilibré son activité entre les MDD et sa marque. «Aujourd'hui, les MDD représentent moins de 45 % de notre activité contre plus de 60 % il y a quelques années », souligne le dirigeant. À terme, son objectif serait de réaliser 70 % de ses ventes à marque propre contre 30 % en MDD.
Pour ce faire, l'entreprise basée à Varennes-Saint-Sauveur (71) doit sortir de sa spécialité de faisselles et fromages frais de campagne qui représentent 90 % de son chiffre d'affaires (contre 5 % avec la crème de Bresse AOP et 5 % pour les spécialités). « Les MDD, c'est un combat de négociation. Il faut absolument que notre marque progresse, commente Thierry Molle. Aujourd'hui, on a fait le tour sur notre région (Rhône-Alpes et la Bourgogne, ndlr). On est leader. Mais la faisselle ne marche pas en national », constate-t-il.
Alors depuis l'an dernier, la PME s'est mise à explorer le marché des desserts où, selon des études marketing, La Bressane serait attendue par les consommateurs. Après un galop d'essai, une gamme de huit recettes de desserts a été lancée en mars : trois petites crèmes au four (caramel, vanille et chocolat), quatre entremets (chocolat praliné, café crème, caramel au beurre salé et la variété praline rose, spécialité de La Bresse) et une île flottante aux pralines roses. « Nous sommes aux prémices des référencements : chez Carrefour, Auchan et E.Leclerc. Et en cours de négociation avec d'autres enseignes comme Franprix », confie Loïc Fanchon, affirmant recevoir un très bon accueil de l'ensemble de la distribution pour la gamme.
Objectif : 10 % de son activité à horizon trois ans
Pour mettre au point les produits, la Laiterie de Bresse a recruté un directeur recherche et développement : François Combe, précédemment passé chez Bel, à la laiterie coopérative Étrez et chez Bongrain (Carré frais et Bresse bleu). « On a aussi investi un peu moins de 100 000 euros dans du matériel de mélange et de cuisson », précise Thierry Molle. L'ambition de la société, qui traite plus de 7 000 tonnes de produit, est d'ici trois ans de réaliser 10 % de son activité avec les desserts. Si le démarrage de cette nouvelle activité se passe bien, la PME affirme avoir les moyens d'agrandir son usine pour répondre à la demande. « On a annexé le terrain de foot de la ville ! », sourit Thierry Molle.
L'usine de Varennes-Saint-Sauveur, qui a ouvert ses portes au public l'an dernier, a bénéficié d'importants travaux en 2011. Thierry Molle, qui possédait aussi un site près de Bourg-en-Bresse, a décidé de rapatrier la production sur celui de Varennes-Saint-Sauveur.
3,5 millions d'euros investis
3,5 millions d'euros ont été investis dans l'usine, modernisée, rénovée et en partie reconstruite. Le site de 5 500 m2 est aujourd'hui « très performant sur la faisselle », affirme-t-il. La majorité des 90 salariés de l'entreprise sont employés au niveau de la production, qui reste en partie manuelle notamment pour l'opération de moulage. 15 millions de litres de lait sont transformés annuellement dans l'usine. Collecté par une coopérative adossée au groupe Sodiaal, le lait provient d'un bassin de production situé à 30-40 km autour de l'entreprise. La Laiterie de Bresse craint-elle les conséquences de la fin des quotas laitiers ? À cette question, Thierry Molle répond : « Nous achetons les volumes d'achat pour notre transformation. Nous subirons les effets col-”latéraux puisque les contrats avec la coopérative sont le reflet des prix payés aux producteurs. » Mais le dirigeant l'assure « la matière première ne joue pas beaucoup dans notre stratégie ».
La matière première ne joue pas beaucoup dans notre stratégie
L'objectif de la Laiterie de Bresse pour les prochains mois est de réussir son expansion nationale. La PME mise notamment beaucoup sur la région parisienne. Si le lancement de la gamme des desserts fonctionne, l'entreprise envisagera alors de développer d'autres produits comme la crème de Bresse AOC, et pourquoi pas de retenter l'aventure à l'export. Deux essais avec la faisselle, via Nestlé en Italie et E.Leclerc en Suisse, ont par le passé échoué, la faisselle restant un produit essentiellement régional.
Le discret entrepreneur grenoblois Thierry Molle, 50 ans, a déjà un long parcours dans l'agroalimentaire. Il se lance dans les années 1990 en reprenant Royans frais, également spécialisé dans la faisselle, (800 tonnes) qu'il possède toujours. Il acquiert ensuite Isère ravioles et Etablissements Rochat (spécialisé dans les pâtes) qu'il revendra en 2007 à l'entreprise Saint Jean. En parallèle, en 1997, il achète l'UCR-Laiteries Bressanes à Bongrain avec Jean Berruyer, ex-patron de l'Étoile du Vercors. Avec son directeur commercial Loïc Fanchon, ils dirigent aussi pendant plusieurs années les Délices dauphinois, spécialisé dans la fabrication de brioches au levain naturel, avant de céder l'entreprise en 2014 à la Fournée dorée. Jean Berruyer se serait retiré de la Laiterie Bressane aujourd'hui, mais Thierry Molle reste très discret sur les nouveaux actionnaires.