Avec Copalis, tout sera bientôt bon dans le poisson

«Pour que les pêcheurs vivent bien, on ne peut pas espérer obtenir des quotas plus importants ; notre mission consiste donc à mieux valoriser ce qui arrive à Boulogne », résume Jean-Baptiste Delpierre, président d’Aquimer, pôle de compétitivité des produits aquatiques. Or selon une étude de l’Ofimer (intégrée depuis le 1 er avril dans l’office unique FranceAgriMer), 47 à 52 % de la ressource maritime serait peu ou mal valorisée. Contrairement à l’univers des produits carnés, la filière coproduits de la pêche et de l’aquaculture était jusqu’à présent encore peu développée. Le potentiel s’avère pourtant intéressant. Les 320 000 tonnes de poissons filetés ou transformés en France génèrent 150 000 tonnes de coproduits. En 2007, 96 % des arêtes, tête, peau, chair et autres viscères de poissons faisaient l’objet d’une valorisation de masse à faible valeur ajoutée. Mais en lien avec Aquimer, l’entreprise boulonnaise Copalis (ex-Coopérative de traitement des produits de la pêche-CTPP), est en passe de trouver de nouveaux moyens pour mieux valoriser auprès de l’industrie du pet-food, de l’alimentation humaine et de la cosmétologie les 38 000 t de coproduits qu’elle achètera cette année. Confrontée à la raréfaction de la ressource (baisse de 40 % des apports entre 2003 et 2008) et à l’augmentation du prix d’achat des coproduits (70 euros/t en 2008 contre 12 euros/t en 2003), l’entreprise n’avait pas d’autres choix pour survivre.
De la pulpe pour faire du « surimi base »
« À destination de l’alimentation animale, nous développons aujourd’hui des pochons de mousses de sardine, de hareng et de saumon pour le petfood et nous nous orientons vers la diététique animale grâce aux propriétés antistress des hydrolisats de protéines de poissons », confiait à Paris cette semaine Philippe de Costenoble, directeur général de Copalis.
Pour le débouché alimentation humaine, Copalis annonce une nouvelle activité importante pour la fin de l’année. L’entreprise finit de mettre au point une ligne de fabrication de pulpes (à partir de chair de poissons) qui pourrait entrer dans la composition de terrines, rillettes et même de « surimi base ». Cette dernière application devrait intéresser Fleury Michon, qui a récemment adhéré à Aquimer. L’intérêt de ce process serait de fabriquer du surimi non plus seulement à partir de poissons blancs mais également à partir d’autres espèces comme le saumon. « Cette ligne devrait être opérationnelle fin 2009-début 2010 », a annoncé Philippe de Costenoble.
À moyen terme, Copalis espère aussi trouver un débouché pour les huiles de poissons mal exploitées et les 100 000 t de coquilles d’huîtres, de moules et de coquilles St-Jacques aujourd’hui non valorisées. Associée au projet Seamineroil (d’un budget de 2 millions d’euros), sélectionné dans le cadre du 7 e appel à projets de R & D du Fonds unique interministériel, la PME espère trouver une solution pour intéresser les secteurs de la diététique, de la cosmétique et de la pharmacie.
Source d’ingrédients fonctionnels
En attendant, Copalis séduit déjà les industriels de l’agroalimentaire à la recherche d’ingrédients améliorant l’image et le caractère « nutrition santé » de leurs produits. À partir de la peau, des arêtes, du cartilage et des viscères de poissons, la PME a mis au point une gamme d’ingrédients fonctionnels orientés vers le bien-être et la beauté. Représentant 100 000 euros en 2003-2004, cette activité pèse aujourd’hui 3 millions d’euros sur les 12 millions d’euros de chiffre d’affaires de l’entreprise. « Notre volonté est de poursuivre cette activité », déclare le directeur général de Copalis. Au salon Vitafoods en avril dernier, l’entreprise a ainsi présenté Collactive®, ingrédient anti-âge marin aux propriétés antirides, pouvant s’intégrer dans des « cosméto-boissons » comme Vichy Célestin anti-âge.
Preuve de son engagement sur ce créneau, l’entreprise boulonnaise a déposé deux demandes d’allégations santé à l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments). Ces dossiers portent sur la propriété de réduction de l’index glycémique liée à l’absorption d’hydrolysat de chair de poisson et à l’amélioration en biodisponibilité du calcium apportée par les hydrolysats de cartilage (poudre d’arêtes). « Grâce au pôle Aquimer, nous avons développé des études scientifiques cliniques de façon à apporter la preuve de nos dires », précise Philippe Costenoble, qui attend encore l’avis de l’autorité européenne.