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Assemblée générale de la FNCL

La coopération s'adapte à un monde qui bouge : Prendre de la hauteur en ce temps de crise, c'est le défi que s'est lancé la FNCL à l'occasion de son assemblée générale. Évolution de la consommation dans les pays émergents, révolution numérique pour la distribution en France... Des enjeux de poids pour le secteur laitier.

© R. Lemoine

Nouveaux modes de consommation,nouveaux modes de distribution. Quels impacts etquelle place pour les coopérativeslaitières. » C'est le thème retenu par la FNCL pour sonassemblée générale qui s'est tenue à Paris le 21 avril dernier. Céline Laisney, du cabinet d'études AlimAvenir, a rappelé l'augmentation du niveau devie des classes moyennes dansles pays émergents et l'urbanisationcroissante qui tend à se rapprocher du taux enregistré par les États-Unis (80 à 90 %). Des évolutions économiques qui amènent une transition nutritionnelle. « En quelques années, la Chine est passée de10 kilos de viande par habitant et par an à 50 kilos », a-t-elle signalé pour expliquer la forte demande pour des produits animaux. Demande de produits animaux mais aussi de produits santé. Ces derniers totalisent désormais 28 % de l'offre alimentaire dans les pays émergents et devraient en accaparer la moitié en 2020. « Les yaourts probiotiques explosent en Chine : +1,4 milliard de dollars US entre 2012 et 2014, mais +9,9 milliards entre 2015 et 2020, préditelle. Le yaourt probiotique est la star des cadeaux en Chine. C'est un produit de luxe qui s'offre à l'occasion des fêtes. »

GLOBALISATION ET DÉ-GLOBALISATION

En parallèle, la révolution numérique remet en question le modèle de distribution classique. Acheter en ligne est devenu un acte commun dela vie quotidienne. 51 % des Chinois achètent toutes les semaines via internet. Ils sont 37 % en Grande Bretagne, 17 % au Moyen-Orient... a montré le cabinet PWC. Même si l'achat de produits alimentaires en ligne reste nettement minoritaire, il commence à faire bouger les lignes. En France, 22 % du budget alimentaire est dépensé en ligne. « Le drive atteint 20 % de parts de marché en France, et les produits laitiers figurent dans le top 10 de la liste des produits achetés en ligne : 42 %,juste derrière les boissons », témoigne Jacques Creyssel, directeur général de la Fédération du commerce et de la distribution. Trois grands types de comportement sous-tendent cet achat : la livraison dans les centres urbains, le « click andcollect » dans les drive en périphérie urbaine et en zone rurale et l'achat en boucle courte du producteur au consommateur. Ceci pose la question de l'existence physique des magasins et bien sûr de l'emploi face à la robotisation galopante des fonctions logistiques. Versé dans la distribution à travers sa filiale France frais, les Maîtres laitiers du Cotentin en savent quelque chose. « L'avantage que nous avons, c'est d'être en contact direct avec nos clients de la restauration hors foyer », soulignait Guillaume Fortin, directeur de France frais. Un positionnement ancien de vingt-cinq ans qui participe à la consolidation de la coopérative, et son dirigeantne s'en cache pas : « France frais réalise 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires et emploie 4 000 personnes ». C'est le cas également pour Even. Son pôle distribution vers les professionnels de la restauration hors foyer, créé il y a une vingtaine d'années, s'est fortement développé. Il compte aujourd'hui la moitié des effectifs salariés du groupe, et pèse pour un quart de son chiffre d'affaires. Even sert même en direct 250 000 ménages. « Ce qui est en jeu désormais, c'est la livraison du dernier kilomètre. L'intelligence mondiale s'en occupe. Nous nous employons à surveiller leurs avancées tout en nous préparant », a souligné Christian Couilleau, le directeur.

« LE MONDE NUMÉRISÉ EST UN MONDE DE PARTAGE »

François Attali, directeur marketing de Sodiaal, passé dernièrement chez Terrena, estime que la dématérialisation pose la question de la place de la matière agricole, de la répartition de la valeur et dela traçabilité. « Il va falloir définir à qui appartiennent les données captées dans les data et savoir si cette transparence est au service du partage ou de la surveillance. Car c'est le savoir qui va créer le lien demain. » « Dans toute cette dématérialisation, une invariante subsiste, répond Christian Couilleau. Nourrir l'homme est un service « non louable », un métier physique. Les entreprises qui survivront sont celles qui développeront une relation avec les consommateurs. Ceci passera par l'innovation et l'enchantement. » Le plaisir est l'axe retenu parla distribution pour continuer à attirer la clientèle dans des points de vente transformés en lieux de socialisation : bars à sushi, produits régionaux... « Les produits locaux expliquent 53 % de la croissance de nos magasins cette année ; des produits issus majoritairement des PME », rapporte Jacques Creyssel. Car à l'heure de la globalisation, il est plus que jamais question de« déglobalisation ».

FACE À LA CRISE

Dans son discours de clôture, le président de la FNCL, Dominique Chargé, a reconnu que les raisons de parier sur un bel avenir sont réelles et qu'il faut prendre de la hauteur et de la longueur de vue pour préparer demain. Toutefois, il s'y est peu attardé. Et pour cause. « La situation actuelle est critique pour les producteurs de lait. Les perspectives de marché à court terme n'annoncent aucun retournement. » Le président a demandé aux pouvoirs publics de soutenir la compétitivité des exploitations et des entreprises sur le long terme avec des mesures structurelles. Concernant les relations industrie-commerce, il a souligné son opposition aux contrats tripartites et à l'intégration du prix du produit agricole dans les conditions générales de vente et la négociation. « Ces propositions sont dangereuses pour le modèle coopératif, car ils fragilisent les conseils d'administration dans l'exercice de leur mandat de gestion, en les privant de l'arbitrage entre court et moyenterme. Cela revient à générer une perte de tout contrôle tarifaire par le transformateur. » Il attend le résultat de l'étude encours sur l'impact économique de la LME pour demander, en fonction des conclusions, une réforme de fond. Côté européen, il a souligné l'implication de la FNCL pour faire aboutir le principe d'un rééquilibrage de l'offre et de la demande. « La FNCL a rencontré des acteurs institutionnels et des coopératives laitières européennes pour faire pencher la balance. » Dominique Chargé veut croire en une conclusion favorable le 25 mai au Parlement européen.

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