Aquaculture : les distributeurs recherchent des labels
L’aquaculture n’a pas une bonne image auprès des consommateurs français. La nourriture des poissons, la qualité nutritionnelle du produit fini, son goût, font partie des questions récurrentes que se posent les clients du rayon marée. Le phénomène gêne les distributeurs pour qui l’élevage présente l’énorme avantage d’assurer des volumes d’approvisionnement réguliers.
Comment combler ce déficit d’image ? Trois représentants de la distribution sont venus, mercredi à Paris, présenter leurs doléances devant les adhérents du Syndicat national du commerce extérieur des produits congelés et surgelés (SNCE). « Il faut une gestion en toute transparence », a averti Mathieu Pecqueur, conseiller filières agroalimentaires de la FCD (entreprises du commerce et de la distribution), pointant particulièrement du doigt la problématique du bien-être animal. « Certaines associations sont spécialisées sur le sujet. L’aquaculture a plutôt été épargnée jusque-là. Mais il faut anticiper les attaques », a-t-il prévenu. Sur la question épineuse de l’alimentation, le représentant des grandes enseignes de distribution a relayé une demande forte de substitution des protéines animales par des protéines végétales. « Attention à l’utilisation de farines de poissons, c’est quasiment un sujet tabou, il faut apporter une vraie sécurité », a-t-il souligné. Concernant les aspects environnementaux, la demande des GMS porte sur le développement de labels et de certifications. Même attente du côté du spécialiste Picard, pour qui la marque propre se suffit pourtant en général à elle-même.
Picard pour des filières européennes
« Sur cette gamme de produit (ndlr : les poissons issus de l’aquaculture), on souffre nous-mêmes de la dégradation de l’image. On serait plutôt pour ajouter un éco-label », a confié Elizabeth Bouton, directrice de la qualité du réseau de 760 magasins. Picard, qui réalise 20 % de son chiffre d’affaires avec des produits de la mer (dont 23 % des références de poissons, 64% des crevettes et 20 % des mollusques proviennent d’élevages), demande aussi la mise en place d’indicateurs fiables — en matière de densité notamment — pour sélectionner et mieux valoriser les bonnes pratiques. L’enseigne, positionnée haut de gamme, a par ailleurs fait le choix de ne pas distribuer de pangas et souhaite le développement de filières européennes, voire françaises, très appréciées des clients. « Je n’ai jamais une question sur les truites élevées en France », a souligné Elizabeth Bouton. Du côté de Brake France, grossiste-distributeur auprès de la restauration (420 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 18 % réalisés par les produits de la mer issus à 22 % de l’aquaculture), on reconnaît que la durabilité des filières aquacoles n’est pas encore la priorité de la restauration indépendante. Pour répondre aux demandes des marchés publics et privés et des grands comptes, François Labulle, responsable des achats, a cependant déclaré être à la recherche de filières clés en main certifiées.