Après match
Il y a quelques semaines encore, ils étaient assurés de gagner. Normal, quand on occupe les plus hauts titres et qu’on a montré en maintes circonstances sa capacité à se sortir des situations périlleuses. Et puis quoi ? Qui se dressaient en face d’eux ? Des opposants en regain de forme, mais encore tétanisés par des défaites cinglantes, et par une joute récente qui avait tourné à leur confusion, pour ne pas dire à leur humiliation. Pourtant, dès que la bataille fut engagée, le camp d’en-face leur fit courber l’échine, leur belle cohésion éclata, leur déroute devint inéluctable. Le lendemain, les vainqueurs affichaient un bonheur tout neuf, tandis que les perdants perdaient tout, ou presque. Pourtant, un observateur neutre aurait pu voir et entendre ceci : tandis que l’ivresse du succès empâtait la langue des gagnants et leur faisait déjà dire d’inquiétantes et consternantes bêtises, l’amertume de la défaite faisait tenir aux autres des propos assez sages, qu’ils eussent été bien inspirés d’avoir prononcés plus tôt. Vous avez compris de quoi nous parlons : pendant que la gauche française boit du champagne, les rugbymen anglais reprennent l’entraînement. L’issue des prochaines confrontations reste incertaine, on voudrait déjà y être.