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Approvisionnement : Biocoop affiche son parcours militant

L'entreprise, qui promeut le bio depuis presque 30 ans, continue d'évoluer dans son projet militant. À travers la construction de filières, le distributeur affirme vouloir faire progresser l'agriculture biologique locale. Bilan 2013 de l'enseigne.

Biocoop se porte bien. En 2013, le chiffre d'affaires du groupe a connu une progression de 8,2 %, s'établissant à 580millions d'euros, pour un résultat de 1,9 million d'euros. « Nous sommes des épiciers locaux, martèle Claude Gruffat, son président, et la défiance de plus en plus importante des consommateurs vis-à-vis de l'alimentation les amène tout naturellement chez nous. 46 % de nos clients le sont depuis moins d'un an. » L'enseigne, qui se dit « à disposition d'un projet politique militant », récolte les fruits d'un travail mené depuis 28ans, date de création de la charte fondatrice. « Notre but est de faire progresser l'agriculture biologique locale paysanne et pas de faire des bénéfices. L'ar-gent que nous gagnons sert à des investissements qui vont dans le sens de notre engagement », assure Gilles Piquet-Pellorce, directeur général. En 2013, 4 millions d'euros de remises ont été distribués en participation aux acteurs commerciaux et aux coopératives sociétaires.

Primes offertes aux référencements locaux

Aujourd'hui, 92% des produits commercialisés dans les magasins Biocoop sont d'origine française. D'une part, l'entreprise encourage les magasins à s'approvisionner autour d'eux en donnant des primes à ceux qui référencent des produits locaux. D'autre part, des filières ont été construites depuis 20ans de façon à assurer l'approvisionnement des magasins. L'année dernière, Biocoop a contractualisé 85% de ses approvisionnements en fruits et légumes (comme en 2012), 90% des produits de la filière volaille (+40% par rapport à 2012), 75% des pro-duits de la filière porc (+45%) et 90% des produits de la filière viande bovine (+20%). Enfin, 60% des achats de produits laitiers ont été contractualisés en 2013, un chiffre comparable à 2012. L'année dernière, Biocoop a apporté toute son attention à une meilleure structuration de la filière bovine, avec des soutiens à la conversion.

Projet à l'étude avec les éleveurs du Sud-Ouest

Dans l'avenir, Claude Gruffat estime que le sujet sera de multiplier les sources d'approvisionnement d'un point de vue géographique, afin de limiter le risque climatique notamment pour les fruits et légumes, d'élargir les gammes, et d'assurer les volumes dans la pérennité. La filière porc, majoritairement active en Bretagne, fait d'ailleurs l'objet d'un travail particulier et un projet est à l'étude avec des éleveurs du Sud-Ouest.

LES CIRCUITS COURTS SE DÉVELOPPENT

Le marché du bio continue sa progression avec 4,1 milliards d'euros en 2013 (+7,9 %). Il représente aujourd'hui 2% des ventes alimentaires en France, contre 1 % en 2006. Les produits bio commercialisés dans l'Hexagone sont importés à 25 %, contre 38 % en 2009, une baisse à attribuer au succès des aides à la conversion qui permettent une croissance de l'offre locale. La France reste cependant le 3e producteur de bio européen, derrière l'Allemagne et l'Italie. Suite aux crises et incertitudes alimentaires, un Français sur deux a l'impression de « ne plus trop savoir ce qu'il mange » et le marché s'oriente vers les circuits courts. La GMS connaît son premier repli en 2013 avec 46 % du marché contre 47 % l'année précédente.

Dans ses 345 magasins de plus en plus grands (entre 300 et 400 m2 ), Biocoop donne la priorité aux références alimentaires. « L'alimentation représente 88 % de nos ventes, reprend Gilles Pi-quet-Pellorce, 50 % de produits d'épicerie, 22 % d'ultrafrais et 16 % de fruits et légumes. » Pour ses référencements, l'entreprise donne la priorité aux produits issus du commerce équitable, qui représentent 23 % des ventes en 2013, et devraient atteindre 25 % en 2015. « Nous somme les seuls à réaliser presque un quart de nos ventes avec le commerce équitable, se réjouit Claude Gruffat. Aujourd'hui, 10 % sont issues du commerce Nord-Sud et 13 % du commerce Nord-Nord, grâce à notre marque Ensemble, qui associe 25 groupements de producteurs. » Afin de faire reconnaître officiellement le commerce équitable Nord-Nord, Biocoop a engagé des démarches auprès du législateur et espère aboutir à une officialisation début 2015. Un grand travail sur la traçabilité des matières premières entrant dans la composition des produits commercialisés par Biocoop a été entrepris début 2014 avec l'embauche de quatre salariés supplémentaires, et un budget de 4 millions d'euros a été attribué à l'accompagnement des entreprises de transformation.

Pas de produits d'hémisphère Sud

Un quart des ventes est issu du commerce équitable

Biocoop a également engagé un programme de réduction de ses coûts logistiques avec un projet de modernisation de sa plateforme Sud-Est, un agrandissement de celle du Grand Ouest et un réaménagement de l'entrepôt Sud-Ouest, le tout pour un budget global de 10 millions d'euros. La flotte de camions de livraison devrait aussi être intégralement renouvelée d'ici à 2018 pour 4,5 millions, avec des véhicules propres à zéro émission de carbone. Dans les magasins, de nouveaux concepts sont à l'étude et notamment du vrac liquide : huile, vinaigre et vin, actuellement en test dans cinq points de vente. « Nous continuons à faire évoluer notre commerce dans le sens de nos valeurs, précise Claude Gruffat, sans jamais transiger sur nos fondamentaux comme par exemple, pas de produits d'hémisphère Sud, pas de transport par avion, pas de fraises en hiver… » Ces engagements sont d'ailleurs repris dans la dernière campagne publicitaire de l'enseigne sur le thème « N'achetez pas », une première dans le monde du commerce, ” mais « totalement en cohérence avec notre message politique », affirme son président. Les deux affiches (fraise et cosmétique) sont le début d'une série à venir, qui ambitionne d'expliquer au grand public en quoi l'enseigne Biocoop est différente. Elle s'accompagne de petits films pédagogiques diffusés sur le Net avec succès puisqu'ils enregistrent 450 000 vues. « Aujourd'hui, les consommateurs de Biocoop ne sont pas, en majorité, des militants, certains ne viennent même pas pour le bio… C'est pour cela que nous devons expliquer notre démarche pour qu'ils puissent choisir en pleine connaissance par rapport à la concurrence, notamment des GMS. »

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