AOC : les vignerons indépendants remontés
Quelque 80 vignerons venus de différentes régions de France se sont rendus au siège de l’Inao à Paris afin « de dire stop » à la nouvelle politique en AOC qui se dessine avec la mise en application de la réforme de l’agrément. « C’est notre avenir de chef d’entreprise qui est en jeu. Depuis dix-huit mois, nous interpellons les pouvoirs publics en vain. Il est dommage d’en arriver là mais nous n’avons pas eu d’autre choix que d’investir le comité national de l’Inao afin d’exprimer toutes nos craintes », indique Xavier de Volontat, président des vignerons indépendants. Et d’ajouter : « la réforme de la procédure d’agrément est nécessaire. Nous tenons à l’affirmer mais à cause d’une lecture fallacieuse et tordue de l’ordonnance instituant cette réforme, nombre de conflits naissent dans les régions ». Avec le fait qu’il sera désormais fait obligation aux vignerons de cotiser aux nouveaux ODG (organisme de défense et de gestion de l’AOC) appelés à succéder aux actuels syndicats d’appellation, les vignerons indépendants craignent une possible confusion des genres et que certains syndicats ne profitent de cette obligation de cotisation « pour maintenir leur actuel train de vie ». « Nous exigeons une séparation totale, administrative et juridique, entre les missions d’intérêt général que doivent assumer les ODG et toutes les autres missions syndicales. Nous voulons la transparence ».
Les vignerons indépendants dénoncent également « la faillite d’information » relative à cette réforme qui au final risque d’écarter du système des entreprises qui n’auront pas été préparées aux échéances qui les attendent. Autre motif de colère : le RTH (Règlement technique d’habilitation) censé déterminer le niveau minimal d’équipement du vigneron pour être reconnu apte à produire de l’AOC.
La certification, « un système technocratique »
« S’il est concevable de fixer des objectifs de résultats, les moyens doivent demeurer de la responsabilité de l’opérateur. Nous dénonçons cet agrément du process qui ne peut aboutir qu’à la certification, un système technocratique et administratif qui tuera l’approche culturelle basée sur le savoir faire d’homme au service de leur terroir ». La colère est encore montée d’un cran quand les vignerons indépendants ont pris connaissance du contenu de certains RTH. « S’ils sont appliqués en l’état, ce sera la catastrophe. De plus, on a vraiment l’impression qu’on nous prend pour des c… car depuis six mois sur le terrain, des gens travaillent à la rédaction de ces RTH et nous apprenons ces jours-ci que le RTH n’existe pas et qu’on ne peut s’en tenir qu’au seul contenu du décret de l’appellation. Il va falloir que l’Inao aille auprès des vignerons le leur expliquer », renchérit Michel Issaly, secrétaire général des vignerons indépendants.
Ces derniers se demandent s’il est norrmal que l’Inao soit dans l’incapacité de chiffrer le coût de cette réforme. « Tous les coûts supplémentaires engendrés par cette réforme seront autant de freins à la compétitivité. Et pour quel résultat ? ». Les vignerons demandent à l’Inao de surseoir « à la mise en œuvre anarchique de cette réforme », d’autant plus que le calendrier choisi est serré, la réforme devant entrer en application en 2008. « Notre souci est que cette réforme soit bien appliquée. Si tel n’était pas le cas, vous nous trouverez en travers de la route », prévient Xavier de Volontat.