Antilles : les planteurs s’offrent Fruidor
Les producteurs de bananes de Guadeloupe et de Martinique viennent d'acquérir Fruidor, le premier réseau français de mûrisseries, auprès de Pomona. «C'est un événement dans la vie de la filière de production de bananes. Nous étions la seule filière importante qui n'avait pas son propre réseau», a commenté, Eric de Lucy, président de l'union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique (UGPBAN), venu lundi à Rungis présenter cette opération à la presse.
Les premiers contacts entre Pomona (qui souhaite se recentrer sur son métier de distributeur) et les planteurs des Antilles remontent à septembre 2007. Après plusieurs mois de tractations, les producteurs de Martinique l'ont finalement emporté pour 48,3 millions d'euros (53,3 M Eur si l'on tient compte des 5 M Eur du compte courant de Fruidor), dont 8 millions apportés par les producteurs guadeloupéens et 22 par les producteurs martiniquais, le solde étant financé par un emprunt. Le capital social de Fruidor sera détenu à 100% par Baninvest, société au capital de 30 M Eur. Baninvest est elle-même détenue à 100% par la société en commandite par actions Banantilles, détenue par les groupements de producteurs et par les producteurs de Guadeloupe et de Martinique.
« Mieux valoriser la production »
Avant la cession, Pomona a procédé à une reconfiguration de Fruidor. L'entité vendue à l'UGPBAN comprend Fruidor Bananes et Fruidor Terroirs. Les Crudettes et Fruidor Outre-Mer (qui prend désormais le nom de Terragaïa) ont été filialisés au sein de Pomona, précisent nos confrères de FLD.
Les 7 mûrisseries de Fruidor A Bordeaux, Cavaillon, Lille, Lyon, Metz, Nantes, Rungis et une mûrisserie filiale de Fruidor, basée à Nantes (Unapa). ont commercialisé 153 000 t de bananes en 2007 pour un CA de 125 M Eur. «Nous avons là un outil qui devrait nous permettre de mieux travailler et de valoriser notre production, en communiquant avec les détaillants et les distributeurs», souligne Eric de Lucy. L'UGPBAN souhaite que la banane des Antilles devienne la banane préférée des Français à l'instar de ce qu'ont réussi à faire les producteurs des Canaries en Espagne, avec des produits bien valorisés.
A moyen terme, l'UGPBAN espère voir le tonnage de Fruidor Bananes passer à 200 000 tonnes, dont 51% proviendraient de la Martinique et de la Guadeloupe (ndlr : pas plus pour des raisons de sécurité d'approvisionnement, les deux îles étant soumises à des aléas climatiques importants). «On ne va pas transformer Fruidor en distributeur exclusif de bananes des Antilles», rassure cependant Eric de Lucy. Le réseau de mûrisserie continuera à commercialiser des bananes d'autres origines : l'Afrique, l'Amérique latine et les autres ACP représentant aujourd'hui respectivement 28%, 10% et 7%.
En acquérant Fruidor, les planteurs des Antilles comptent bien aussi répartir les charges de la filière sur d'autres métiers en développant l'activité Fruidor Terroirs. Implanté dans les principaux bassins de production français et belges, Fruidor Terroirs a commercialisé, en 2007, 107 000 t de pommes de terre, endives, oignons, pissenlits (du Nord), carottes, melons, courgettes et fraises (d'Aquitaine)... pour un chiffre d'affaires de 85 M Eur. «Ces activités de terroir, nous allons les pousser un peu plus vers d'autres produits français et d'importation», annonce Eric de Lucy, sans plus de précisions. Laurent Legallais, qui reste à la direction générale de Fruidor, mènera cette expansion de la société. L'équipe qui l'entoure, tant au niveau du siège de l'entreprise qu'au niveau de chacune des mûrisseries et des activités de Terroir, reste en place.