Anticiper une nouvelle Pac
À la veille de la fin des quotas laitiers, une certaine fébrilité gagne les campagnes et les relations se tendent à nouveau entre producteurs et industriels sur le prix du lait. À tel point que certains fournisseurs n'hésitent désormais pas à attaquer en justice leurs clients. Une chose est sûre, la filière va s'exposer dans les mois qui viennent à une plus forte volatilité. Volatilité qui impactera les producteurs, mais aussi l'industrie qui mise aujourd'hui sur l'export pour absorber les hausses de volumes. Et notamment la Chine, où pourtant, même le géant Danone peine à trouver le bon modèle… La volatilité se renforcera aussi dans la filière sucre en 2017, avec la fin des quotas. Cette libéralisation doit s'accompagner d'une modernisation des exploitations, mais comment continuer à investir dans un marché qui joue au yo-yo ? Pour le think tank Momagri, la nouvelle Pac, adoptée en juin 2013, est déjà dépassée dans un contexte international et économique sous pression et fortement évolutif – avec 60 % de son budget consacré à des paiements directs découplés. Et de pointer du doigt les mécanismes de gestion de risques insuffisants. Pierre Pagesse, président de Momagri (et également de Limagrain), propose de profiter de l'occasion de la révision à mi-parcours du cadre financier pluriannuel européen, en 2016-17, pour lancer une réforme de la Pac. L'idée : redéployer des paiements directs découplés vers des mécanismes contra-cycliques. Le système proposé, basé sur un prix d'équilibre, un tunnel de prix et un prix plancher déclenchant un dispositif de soutien, mérite d'être étudié de près. La proposition d'établir des stocks de sécurité et de régulation semble aussi de bon sens. Ce modèle devrait séduire les politiques, puisque selon les calculs du think tank, il permettrait une économie budgétaire annuelle de près de 5 milliards d'euros s'il était appliqué sur la période 2014-20. Les industriels auraient également tout intérêt à le soutenir. Pour se développer durablement, l'agroalimentaire a besoin de sources d'approvisionnement fiables, de proximité et de bonne qualité.