ALLEMAGNE
Réflexions sur le budget 2007-2013
De toute façon, pense-t-on à Berlin, le budget européen augmentera fortement, même avec une limite à 1 % du PIB, grâce à la croissance. Avec les prévisions de croissance de la Commission, le budget serait en 2013 de 50 % plus élevé qu’aujourd’hui. L’Allemagne en fournira 22 %, soit sur 7 ans 170 MD _ de plus que durant la programmation en cours. Dire qu’avec la limite de 1 % PIB la Commission est condamnée à l’inaction est donc un non-sens. Par ailleurs, les accords sur le financement de la PAC jusqu’en 2013 constituent une limite, mais pas une autorisation de tout dépenser. Il faut faire des économies dans ce secteur, sans toutefois rouvrir tout le paquet. Les décisions prises conduisent déjà à limiter à 33 % la part des dépenses agricoles dans le budget.
Le revenu agricole va encore baisser
Le gouvernement vient d’approuver le rapport vert agricole annuel qui sera rendu public et débattu au Bundestag. Selon Künast, le revenu agricole va encore baisser cette année de 3 à 8 % en raison de la baisse des prix du lait et des taurillons, et de l’augmentation des prix des semences, des engrais et aliments du bétail. Cette baisse vient après une baisse de 19,8 %.
Le Nord, perdu et amer
Dans le Nord de l’Allemagne, dans les grands Länder agricoles que sont la Basse-Saxe et le Schleswig-Holstein, les agriculteurs observent avec amertume les évolutions récentes. Entre autres :
- la coopérative Nordmilch Brème, n° 1 laitier allemand, a annoncé la nécessité de fermer progressivement la moitié de ses sites de production, et le licenciement de 1 000 des 3 400 salariés (en réalité, c’est 1 500 emplois qui seraient en cause). De son côté la RGH Hanovre, coopérative centrale d’approvisionnement et de stockage, annonce 150 suppressions d’emplois pour redresser son secteur technique et machinisme.
- la vente de Nordfleisch, le n° 2 allemand de la viande qui appartenait à ces producteurs, n’est toujours pas admise. Les producteurs ont en effet dû céder leurs parts à 25 % de leur valeur nominale au néerlandais Bestmeat, qui a ainsi repris la coopérative allemande en ayant moins de 5 mio _ à sortir.
- Nordzucker qui est, lui, en bonne forme, est dans l’attente des décisions européennes sur la réforme de l’OCM sucre et est vigoureusement contesté dans sa décision de fermeture de l’usine de Schleswig.
On ajoutera que la baisse du revenu agricole a été forte l’année dernière dans ces régions, -42 % pour les exploitations à plein-temps. Ce qui, en passant, renforce l’opposition au projet gouvernemental de procéder, via la réforme de la PAC, à une redistribution des aides.
Pour couronner le tout, le Schleswig Holstein a supprimé son ministère de l’agriculture depuis un an et réparti ses compétences entre 4 ministères. Tout cela cimente une vive opposition des agriculteurs au SPD, traditionnellement majoritaire dans ces Länder.
- Petit commentaire : ces régions du Nord avaient créé des capacités trop importantes de transformation, dispersées entre des sites trop nombreux et trop onéreux. Malgré des regroupements au sommet, on a hésité à prendre à temps les mesures de restructuration, en raison du chômage qui commençait à monter. Maintenant, ces mesures arrivent toutes ensemble et créent un climat d’incompréhension à la base. Entre-temps, la montée du discount a déstabilisé les filières alimentaires locales, devenues incapables de répondre à la pression des distributeurs.