ALLEMAGNE
Le DBV tourne la page
Renate Künast s’est rendue devant le « petit congrès » du DBV qui se tenait récemment à Bonn. Surprise : il y a bien eu quelques slogans pour protester contre la détaxation du carburant agricole, mais on s’attendait à bien pire. La ministre a abordé tous les sujets qui fâchent : découplage, restrictions budgétaires, OCM sucre, contraintes spécifiques allemandes (les fameux « solos ») sur l’environnement et la protection des animaux, Mercosur, OMC etc. Elle a même eu droit à des félicitations pour le maintien du programme agricole commun entre État et Länder, que la commission de révision des règles du fédéralisme voulait supprimer. Les observateurs ont aussi noté le soin mis par le président Sonnleitner à cibler exactement ses critiques : sur l’UE pour ce qui la concerne, sur l’OMC. Et, quand même, sur la ministre, mais uniquement pour ce qui est de son ressort. On a surtout eu l’impression que le DBV tourne une page. Son langage est désormais plus économique et moins revendicatif, il n’y est plus question d’exonérations de taxes et de demandes de subventions. Le discours syndical est également plus optimiste sur l’avenir de l’agriculture allemande, en soulignant que les chefs d’exploitation doivent « rapidement » saisir leur chance après la réforme de la PAC.
OGM : la stratégie d’étouffement se déploie, Schröder en porte-à-faux
La discussion parlementaire n’est pas achevée pour le nouveau texte sur les OGM, mais les dispositions qu’il contient sont de nature à signer la mort de la recherche semencière allemande. Les agriculteurs qui voudraient utiliser les plantes OGM seraient totalement désarmés si ce texte restait en l’état. Il prévoit leur responsabilité individuelle ou collective en cas de propagation de pollen. Le DBV déconseille aux agriculteurs d’utiliser les semences OGM dans ces conditions. Pour sa part, l’Union des Assurances n’accepte pas d’assurer ces éventuels dégâts car il ne s’agit pas, selon elle, d’un « risque », la propagation du pollen étant un phénomène naturel. Du coup les semenciers, ne veulent pas se porter garants pour les producteurs et ils annoncent déjà la délocalisation de leurs essais. Renate Künast aurait même envisagé de déclarer le Grand Berlin (dont elle était l’élue) « zone libre », en fait zone interdite au génie génétique. Il lui avait échappé que certes, l’agglomération ne représentait que 4 400 ha de SAU… mais que 160 entreprises de génie génétique y sont installées. Au début, personne – pas même Schröder - n’avait pas pris conscience de l’arme redoutable d’étouffement scientifique et technique que constituent les règles de responsabilité concoctées par l’équipe Künast. Ce texte est en commission paritaire entre les deux assemblées après l’opposition du Bundesrat à majorité CDU/CSU. Mais la rédaction a été ficelée de telle façon que le Bundesrat n’a qu’un avis consultatif, sans aucun pouvoir de codécision. La majorité va donc décider seule, en dernier ressort. Avec le risque pour Schröder, qui a voulu apparaître comme celui qui encourage l’innovation et les secteurs de pointe, d’avoir à décider d’abandonner ce secteur innovant.