Allégations santé : des règles du jeu mal comprises
«Définition du bénéfice santé trop floue », « facteurs de risque étudiés pas assez forts », « lien de cause à effet pas suffisamment solide », etc. Telles sont les principales causes de refus identifiées par le cabinet de conseil Alcimed pour expliquer pourquoi l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) a jusqu’à présent rejeté 78 % des demandes d’allégations santé émises par les industriels. « Personne n’y échappe ! Même les grands groupes alimentaires sont concernés : par exemple, Unilever et son thé pour la concentration, Ferrero et son chocolat Kinder® pour la croissance ou encore Ocean Spray et sa cranberry contre les infections urinaires », commente Édouard Casala, consultant chez Alcimed. Au 10 avril, l’EFSA avait rendu 56 avis sur des allégations fonctionnelles basées sur des données scientifiques récemment développées ou sur des données exclusives (article 13-5 du règlement européen 1924-2006), des allégations de réduction de facteur de risque de maladie et des allégations portant sur les enfants (article 14). Résultat : seules 12 opinions positives ont été émises (0 pour l’article 13-5 et 12 pour l’article 14). Le DHA, qui « contribue au développement visuel des enfants », proposé par la société Mead Johnson Nutritional (société américaine employant 5 300 personnes et réalisant 2,9 milliards de dollars de chiffre d’affaires) fait partie des dossiers approuvés.
Danone suspend ses demandes
Pour être sûr de faire partie de cette catégorie d’entreprises, Danone a décidé de suspendre temporairement ses demandes d’allégation santé pour les marques Activia et Actimel en attendant une réunion annoncée par l’EFSA, le 15 juin à Bruxelles. Cette réunion vise à clairement expliquer aux industriels les critères d’évaluation de l’agence qui a prévu d’examiner 1 000 allégations d’ici juillet 2009 et 500 autres d’ici novembre 2009. « Si on veut une allégation santé, il faut la traiter comme un médicament. Il faut un dossier scientifique qui tienne la route avec des études plus longues, et plus coûteuses. Cela créera une segmentation entre les grandes et les petites entreprises », pressent d’ores et déjà Jean-René Buisson, président de l’Association nationale des industries alimentaires.