Aliments du bétail : pessimisme en Europe
L’alimentation animale aussi souffre de la décroissance. Les dernières statistiques des fabrications françaises d’aliments du bétail ont révélé une nouvelle baisse globale de la production en février, de 12,8 % par rapport à février 2008 et de 2,3 % sur 12 mois lissés. D’après les premières observations des spécialistes, les statistiques de production d’aliments en mars devraient continuer d’indiquer une orientation négative mais moins affirmée que celle de ces derniers mois.
Pour les huit premiers mois de l’actuelle campagne (de juillet 2008 à février 2009), les chiffres recueillis par Coop de France nutrition animale et le SNIA font apparaître une régression de 4,9 % et, sur 12 mois lissés, de mars 2008 à février 2009, de 2,3 %, les très bons résultats des aliments bovins pour la première partie de l’année 2008 ayant permis de camoufler les médiocres scores des secteurs volailles et porcs. Cette année, le bilan des aliments pour bovins n’est plus là pour masquer les déficiences des autres secteurs, mais bien au contraire, il accentuera la baisse globale puisqu’il est le plus durement touché par le recul des fabrications.
La meilleure façon d’évaluer la tendance de la production d’aliments composés est de se référer à la campagne, parvenue à ses 2/3 pour 2008-2009, car les écarts sont moins brutaux que la comparaison sur les deux premiers mois de l’année et plus réalistes que sur les 12 mois lissés, trop marqués par l’influence encore positive de l’aliment bovins. Donc, sur cette période des huit premiers mois de la campagne, la baisse globale ressort à 5,9 % pour les aliments bovins, autant pour les aliments porcs et 3,3 % pour les aliments volailles.
Le cas particulier de l’aliment d’allaitement
La situation de l’aliment d’allaitement diffère de celle des autres secteurs de par la structure même de son élevage, fortement intégré et très réactif à l’évolution de la consommation de viande de veau. Or, si celle-ci souffre comme la plupart des produits carnés de la restriction des budgets familiaux, le veau a l’avantage d’une stabilisation des prix, les matières premières d’origine laitière ayant subi le choc de la hausse avant celles destinées aux autres aliments (céréales, tourteaux) et s’en étant sorties bien avant pour assurer aujourd’hui un confort de prix de revient aux fabricants d’aliments, donc aux éleveurs (voir graphique IMFAL ci-dessous). Les statistiques de Coop de France et du SNIA font ressortir une baisse des productions d’aliments d’allaitement de près de 9 % pour les 2 premiers mois de l’année, mais depuis le début de la campagne ce compartiment maintient une progression de + 1,3 %.
Au niveau européen (UE à 27) la Fefac, qui réunit les fabricants de l’Union, a confirmé la quasi-stabilité des fabrications en 2008, après la reprise de 2007, avec une stabilisation de l’aliment porc (le plus représenté dans l’UE), la poursuite de la progression des aliments volaille et l’amorce de la baisse des aliments pour bovins.
En ce qui concerne l’année 2009, la Fefac est plus pessimiste. La production européenne devrait baisser de quelque 6 millions de tonnes, soit - 4 %, le secteur le plus affecté étant celui des vaches laitières : - 10 %. L’aliment porc régresserait de 5 % et l’aliment volaille se stabiliserait.
Les premiers chiffres de cheptels reproducteurs dans les principaux pays de l’Union ont marqué une nouvelle décroissance à la fin de l’année dernière : - 2,7 % en France, - 6 % en Allemagne, - 3, 3 % aux Pays-Bas. Tandis que la dégradation prend des allures de chute libre à l’est de l’UE : - 22 % en République tchèque, - 19 % en Pologne. La filière avicole est pénalisée par les difficultés d’exportations et l’ouverture des contingents d’importation à droits réduits, tandis que les perspectives pour le cheptel bovin sont liées à la réalisation des quotas. Pour l’immédiat, la baisse du troupeau de vaches laitières est relativement modérée en France, mais elle progresse en Allemagne (+ 3,5 %) et de 6,5 % aux Pays-Bas. Ce qui peut laisser espérer un redressement du volume des fabrications européennes d’aliments pour bovins ; mais il y a un lourd rattrapage à effectuer après le recul enregistré depuis le dernier trimestre 2008.
Les céréales pénalisées
La diminution de la production d’aliments composés est ressentie en particulier par les utilisations de céréales par les fabricants d’aliments du bétail (Fab). Les dernières statistiques disponibles (source FranceAgriMer), datent de février dernier et font apparaître, pour ce mois, un volume d’incorporations de 748 800 tonnes (toutes céréales confondues, y compris l’avoine, le sorgho, le triticale…), contre 883 700 tonnes en février 2008 et 945 900 l’année précédente. Rappelons que le conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer a réduit de 100 000 tonnes ses précédentes estimations d’incorporation de blé et d’autant celles de maïs, les compensant par un chiffre identique d’autoconsommation. En revanche, les incorporations d’orge ont été maintenues au chiffre de 1,5 millions de tonnes, ce qui pourrait bien être révisé, les prix actuels de l’orge semblant provoquer plus d’intérêt chez les Fab.
