« Alerter Bruxelles sur les interprofessions »
LM : Vous avez menacé de perturber la conférence ovine, vendredi à Limoges. Est-ce toujours d’actualité ?
Régis Hochart : Oui, car les solutions à la crise ovine ne sont envisagées qu’à l’horizon 2010, dans le cadre du bilan de santé de la Pac. D’ici là, plus de 10 % des moutonniers auront disparu en 2008, idem en 2009. Des mesures rapides s’imposent. Nous réclamons une aide d’urgence de 35 euros/brebis, pour compenser une partie de la baisse des revenus 2007, une cellule de crise nationale, afin de définir les modalités de distribution de cette enveloppe, et, dès 2009, une réorientation des aides directes au profit des éleveurs. Barnier répond que les caisses de l’État sont vides. Les pêcheurs, eux, ont obtenu gain de cause. Une taxe pourrait être créée sur les importations de viande ovine. Quant à la réunion nationale fin septembre, elle doit servir à faire un bilan du plan de relance 2008 (et à préciser les modalités d’intervention 2009, ndlr). C’est insuffisant.
LM : Quelle est votre position sur le prix du lait ?
Régis Hochart : Le courrier de la DGCCRF, dénonçant les recommandations du Cniel, est inacceptable. Nous l’attaquons devant le Conseil d’État. Concernant la fixation du prix du lait, celui-ci doit couvrir les coûts de production. Un renforcement des relations contractuelles entre les éleveurs et les industriels est annoncé. Je crains que les critères retenus pour la fixation du prix ne soient pas cohérents. De plus, le fonctionnement des interprofessions pose problème. La question de la représentativité reste au point mort, suite à la conclusion des Assises de l’agriculture. Nous envoyons mardi (hier) un mémoire de quatre pages, visant à interpeller la Commission européenne sur les dérives du fonctionnement actuel des interprofessions en France. Le but est notamment de pointer du doigt l’absence de sécurité juridique de leur mode de fonctionnement. Le contenu des accords n’est pas publié au JO. La représentation des producteurs n’est réservée qu’aux seules sections spécialisées de la FNSEA. Enfin, il n’y a aucune transparence sur l’utilisation des cotisations volontaires obligatoires.
LM : Avez-vous abordé la Pac avec Michel Barnier ?
Régis Hochart : Lors de notre entretien, le ministre a réaffirmé sa volonté d’aboutir à une redistribution des aides au sein du premier pilier. Son idée est de créer un soutien à l’hectare d’herbe. On préfère celle d’un couplage. Par ailleurs, le ministère refuse la contestation juridique des DPU, qui nous a valu un jugement favorable du Tribunal administratif de Nantes. Le combat se poursuit.