Aide toi, Bruxelles t'aidera
Le directeur de l'interprofession bovine et ovine, Jean-Louis Bignon, a fait ses adieux jeudi dernier au monde de la viande. L'hommage que rendirent les professionnels au jeune retraité fut très émouvant. Sans doute parce que les présidents et directeurs de fédérations touchèrent du doigt à cet instant ce qu'a apporté à la filière viande le « directeur fondateur » d'interbev comme l'a joliment qualifié son président Denis Sibille. Jean-Louis Bignon, qui dirigeait l'interprofession depuis sa création en 1979, a amplement contribué à maintenir en équilibre cette « interprofession longue », dont les 13 familles qui la composent sont à la fois la richesse et la fragilité. A cet instant aussi, les dirigeants des fédérations avaient-ils peut-être en tête les failles juridiques qui menacent de faire s'effondrer à tout instant l'édifice des cotisations « volontaires obligatoires » (CVO). Heureux hasard du calendrier, une décision de la Commission européenne les a peut-être rassurés. Bruxelles a en effet autorisé un « régime-cadre » d'aides notifié par la France et financé par les CVO en faveur des membres de chacune des filières agricoles représentées par les interprofessions agricoles reconnues, dont fait partie interbev. De quoi sécuriser juridiquement le financement d'un certain nombre d'actions promotionnelles, techniques, économiques, etc. La Commission clarifie par ailleurs un autre point : il s'agit bien selon elles de taxes parafiscales, c'est-à-dire de ressources publiques. Est-ce un bien ou un mal ? Les professionnels avaient l'air d'être partagés. Commission ou pas, l'essentiel est sans doute ailleurs : celui, dans les interprofessions, de toujours privilégier l'intérêt collectif sur les intérêts particuliers.